Chronique | Matt Hart - Below the Terre, Pt. 2

Pierre Sopor 9 janvier 2025

Stakhanoviste omniprésent nous envoyant ses transmissions d'un lointain futur, Matt Hart avait prévenu : son album Below the Terra, Pt. 1 paru en 2022 (chronique) attendait une suite. Quelques singles nous avaient mis dans l'ambiance et le diptyque est désormais complet : on peut se plonger pleinement dans un univers post-apocalyptique, en l'an 3808 pour être précis, alors que la Terre est gelée, que les machines ont pris le contrôle et que les restes d'humanité creusent sous la surface pour se rapprocher du noyau et y trouver un peu de chaleur.

Commençons par remarquer un détail amusant : en anglais ou en allemand, le nom Matt Hart peut à la fois évoquer la dureté ou le cœur, ce qui se prête assez bien au personnage et à son œuvre. On est d'ailleurs surpris par le ton assez doux du premier titre, Outlaws of the DDC, dont les nappes de synthés seraient presque chaleureuses et rassurantes avec leur touche rétro-futuriste : aurait-on droit à une lueur d'espoir au milieu dans ce monde désolé et glacé ? En cas de nouvelle Ère Glaciaire, Matt Hart a en tout cas trouvé la solution : nous faire transpirer à grosses gouttes. En piquant à l'EBM ses structures minimalistes et agressives mais en l'étoffant de tout un tas d'influences (metal indus, aggrotech, techno...), il enchaîne les hymnes accrocheurs à l'efficacité à la fois physique et mécanique, on remue les corps et les pistons.

Alors que Rotations ou Black Abyss se sont logés dans nos tympans depuis un bon moment déjà, Matt Hart nous réserve quelques autres assauts dystopiques où se mélangent intensité et immersion narrative (Rails, Deep Down City, Fear the Hybrid). Cependant, c'est peut-être quand les rythmiques ralentissent et que la musique s'alourdit qu'on le préfère. Terraform a la pesanteur impitoyable d'une machine que l'on ne fera pas plier. Barricade, avec ses riffs martiaux et ses lignes de chant sinistres, impose une menace bien palpable. De ces passages se dégagent la mélancolie des survivants, entre rêves de temps oubliés et promesses d'un futur peut-être moins cauchemardesque.

Si vous cherchez un remède au réchauffement climatique, il y a Matt Hart. Vous avez trop froid ? Eh bien, dansez maintenant, il y a Matt Hart. Touche à tout rentre-dedans, l'artiste londonien insuffle son âme dans l'électronique déshumanisée tout en nous offrant de quoi muscler nos playlists. De la dureté et du cœur, qu'on vous dit.