Cinq ans après un premier album éponyme, META MEAT est de retour. Le duo composé de Phil Von (VON MAGNET) et somekilos (2KILOS &MORE) nous propose avec Infasupra une nouvelle exploration de leur univers à la fois tribal et ambient, tout en tensions et transes rythmées.
Pas de changement de cap à priori : META MEAT met toujours l'accent sur les percussions, dont les pulsations nous guident au sein d'un univers organique aux contours quasi mystiques. Quiconque ayant eu l'occasion de voir le duo sur scène sait quelle dimension physique prend la musique une fois incarnée par les danses de Phil Von. En studio, META MEAT vit et respire grâce à des souffles, des voix, des cris. Pas besoin d'être intelligibles, les mots chantés, scandés, psalmodiés sont l'âme de ce corps en mouvement alors que les percussions en sont à la fois l'ossature et le cœur battant.
Le duo danse sur une corde raide et oscille entre les humeurs introspectives posées par des nappes de synthé et l'intensité des rythmiques. Le calme apparent peut cacher une tempête à la frénésie tantôt libératrice, tantôt anxiogène (la menace que diffusent subtilement Plagued ou Proie par exemple, ou Trampled, et ses sonorités ethniques). META MEAT nous fait voyager de paysages naturels et primitifs jusqu'à des horizons plus futuristes (Downrising, à la mélancolie cyberpunk). Tout cela a bien sûr quelque chose d'hypnotique et un peu magique, une impression que vient renforcer la viole de gambe de Justine Ribière (MACHINALIS TARANTULAE) le temps de Dichotomy, sorte d'entracte spectrale et brumeuse en milieu d'album où le baroque se mélange aux atmosphères du groupe pour un résultat d'une élégance rare.
Infasupra étoffe le catalogue du très estimable label ant-zen d'une nouvelle œuvre tout en subtilité. L'ensemble respire de vie grâce à son sound-design ciselé avec soin et ses textures organiques et promet d'acquérir une dimension fascinante en live, où la théâtralité de chaque percussion est décuplée par les postures, les lumières, la puissance du son. Vivement !