La dernière fois qu'on avait écouté MY GREAT BLUE CADILLAC, le duo originaire de Montpellier sortait Virus, quatre morceaux où l'on découvrait un univers tout en tension où post-punk et indus se mélangeaient pour un résultat énergique et percutant, prometteur de belles choses à venir. Avec Violent Therapy, le groupe annonce un virage plus lourd, plus sombre. C'est donc avec curiosité que l'on se lance dans l'écoute de l'album histoire de constater tout ça.
Mais avant tout, impossible de ne pas remarquer le superbe artwork signé Peggy Ann Mourot (dont vous pouvez admirer le boulot par ici), effrayant dessin aux traits tout droit sorti du cauchemar d'un fou, bien loin de l'abstraction de Virus. Violent Therapy est ponctué de plusieurs interludes ayant pour nom des signes de ponctuation : un sens de l'à-propos qui peut amuser. Profitez-en, après on ne rigolera plus. Après qu'une voix nous ait introduit à cette "violente thérapie", on est pris d'assaut par une basse à la fois hypnotique et agressive quand il s'agit d'envoyer de gros riffs. Le chant se mue en cris de déments le temps du refrain de Falling to You : on était prévenus, mais on ne s'attendait pas à une telle violence, une telle intensité d'entrée. Le son est mystique, une pesanteur très doom venant épaissir le son de MY GREAT BLUE CADILLAC. L'ambiance est au désespoir et à la folie : Black Crosses le confirme. Malgré cette mue, l'identité du duo reste reconnaissable dans ce son direct, sec, presque minimaliste.
Quand le rythme ralentit avec Possessed, on n'est pas rassurés pour autant : la menace semble au contraire plus présente que jamais. Le chant, très goth, répète en boucle "Oh my god, there is something inside of me", toujours accompagné de cette basse épaisse : l'impression d'être dans le délire d'un esprit malade se confirme. L'articulation entre les morceaux avec ces transitions, cette voix qui nous parle nous donne l'impression d'une réalité au-delà de l'univers dans lequel nous plonge l'album et accentue cette impression d'irréel, d'hallucination prolongée. De plus en plus mystique et fantastique, Violent Therapy a tout d'un cauchemar éveillé, flirtant avec le dark ambient ou abandonnant les constructions classiques pour mieux nous perdre (Hope). En chemin, MY GREAT BLUE CADILLAC n'oublie pas de nous rebalancer au visage deux grosses tueries bien lourdes pour faire remuer les têtes en concert (Pain in Love et Ouija) avant que la voix du début ne revienne clore ce cauchemar, annonçant un deuxième chapitre qu'on a hâte d'entendre.
Violent Therapy (Chapter 1) met une grosse claque. Noir, intense, lourd, possédé, mystique et cauchemardesque, l'album est un incroyable bond de la part de MY GREAT BLUE CADILLAC. Ce mélange de post-punk, de doom et de dark ambiant avec une basse, une batterie, une voix et un synthé a quelque chose de primitif, de monumental, de viscéral et d'irrésistible. Entre exorcisme et thérapie de choc, l'orientation prise par le duo est plus que séduisante. Comme ils aiment tant le dire, "à très vite sur la route", car la suite s'annonce captivante.