Après un premier album éponyme particulièrement intense, austère et épuré de tout effet, My Own Private Alaska sortait l'an dernier 'Amen'. Et si certains ont trouvé l'expérience moins impressionnante, le trio confirmait tout le bien que l'on pensait d'eux. 'The Red Sessions' nous est présenté comme une relecture acoustique de leur musique, même si le terme est un peu maladroit, My Own Private Alaska étant composé uniquement d'un piano, d'une batterie et d'un chanteur. Rien à débrancher, il faut donc comprendre "sans hurlements hardcore, sans effets". Si l'on retrouve donc une musique plus épurée que sur 'Amen', c'est un nouvel aspect de M.O.P.A. que l'on découvre. A l'exception de 'Red', on connait déjà les autres morceaux, dont se dégage une nouvelle intensité, des émotions plus rentrées, un résultat moins glacial. Particulièrement réussie, la reconversion "acoustique" des morceaux nous permet d'apprécier sous un nouvel angle le travail de composition des toulousains. Tout comme en live, on se rend mieux compte de l'importance du piano, comme sur la superbe 'Anchorage' dont les paroles ont disparu depuis 'Amen' et où il ne reste plus que cette mélodie obsédante. La voix grave de Milka se révèle sous un angle agréable, séduisant que l'on ne lui connaissait pas sur les deux précédents albums, comme sur leur version de 'Where Did You Sleep Last Night'. Et si certaines chansons sont plus réussies que d'autres ('After You' rend particulièrement bien en acoustique), et que ce genre d'essai peut toujours, à tort ou à raison, soulever quelques questions (ce fameux cliché du complexe du chanteur voulant montrer qu'il sait faire autre chose que hurler, comme si c'était un mal!), on ne peut qu'admirer une nouvelle fois la qualité du travail de My Own Private Alaska. De plus, l'album est disponible en téléchargement au prix de notre choix. Dans de telles conditions, on ne peut qu'espérer que leur rencontre avec le producteur Ross Robinson leur permettra de continuer à faire leur musique comme ils l'entendent, loin de tous clichés, et nous faire profiter de leur créativité.
Chronique | My Own Private Alaska - The Red Sessions
Pierre Sopor
5 avril 2011