Chronique | Noire Antidote - cryptomnesia

Pierre Sopor 17 janvier 2022

Avec son deuxième album, Negative Etiquette, NOIRE ANTIDOTE avait confirmé tout son talent, peaufinant son univers sinistre tout en mélodies lugubres et atmosphères étouffantes. Depuis, Benjamin Schoones nous a fait patienter, entretenant l'espoir d'entendre un jour un troisième album (gageons que la fin de label audiotrauma n'a pas aidé). C'est après trois ans et demi et quelques singles épars que NOIRE ANTIDOTE est de retour avec un EP de cinq titres, cryptomnesia.

On se demandait comment Schoones ferait évoluer sa musique. On avait quelques indices : les photos mystérieuses, légèrement floue et au grain épais, toujours en noir et blanc ainsi que les titres des dernières années dessinaient les contours d'un univers toujours plus sombre et énigmatiques. L'EP le confirme : si la maîtrise des mélodies glaçantes est manifeste (la comptine hypnotique de taxidermy for beginners), NOIRE ANTIDOTE est désormais plus oppressant, laissant plus de place à un sound-design soigné et des éléments bruitistes anxiogènes (les chœurs religieux noyés par l'électronique de foul mouth speaking deadnecessities, cauchemardesque). Ce supplément de machines apporte plus d'intensité et d'agressivité et appuie le côté cinématographique de NOIRE ANTIDOTE (les pulsations du morceau-titre ont quelque chose de martial et grandiloquent très évocateur). L'ambiance est toujours d'une réelle puissance de suggestion, Schoones n'ayant besoin finalement que de quelques notes de piano pour donner vie à des paysages désolés et c'est avec un réel plaisir que l'on se laisse hanter par la froideur nocturne de l'EP. Ainsi, antagonist avec FLESH, synthétise finalement tout ce que l'on aime tant dans ce projet : noirceur, poésie, mélancolie, menace, onirisme et froideur.

NOIRE ANTIDOTE est un projet toujours aussi fascinant et excitant, un compagnon idéal pour les longues nuits pleines de froid et de cauchemars. Le son est familier, mais a évolué : NOIRE ANTIDOTE ne se répète pas mais ne se trahit pas non plus, nous offrant finalement le compagnon idéal pour finir l'hiver.