Fin 2016, nous pouvions découvrir l'univers de NOIRE ANTIDOTE et sa musique électronique aux relents d'indus et aux ambiances très witch-house. I Know Where the Wolf Sleeps (chronique) était une petite claque, probablement le travail le plus fascinant de Benjamin Schoones à ce jour (BENJAMIN'S PLAGUE), devenant le compagnon idéal des nuits noires et froides avec ses ambiances hantées particulièrement lugubre. Depuis, NOIRE ANTIDOTE s'est forgé une réputation solide et Negative Etiquette est un album que l'on attendait donc fébrilement. L'automne arrive, les arbres perdent leurs feuilles et les journées raccourcissent : il est grand temps de se replonger dans ce monde cauchemardesque et délicieusement anxiogène.
Obisidian Smile nous rassure en quelques secondes : avec ses basses bourdonnantes pleines de menace, ses mélodies mélancoliques glauques, ses distorsions et ses échos de choeurs lointains, fantômatiques à souhait, NOIRE ANTIDOTE n'a rien perdu de son pouvoir de suggestion. Jamais le tempo ne s'excite, tout ici est pesant, dépressif même. Honnêtement, on le savait à l'avance que ça marcherait : plusieurs titres présents ici ont été mis en ligne par l'artiste au cours des derniers mois ou figurent sur diverses compilations. Negative Etiquette déploie, au fur et à mesure des morceaux, tous les gimmicks gothiques dignes d'un film d'horreur : sons à l'envers, notes de piano aux accents funèbres, beats menaçants, basses étouffantes, nappes lugubres. Plus homogène que son prédécesseur, ce second album n'a certes plus pour lui l'effet de surprise mais a gagné en cohésion. S'il est difficile et injuste de distinguer particulièrement un titre plus qu'un autre dans ce cauchemar hypnotique à la qualité constante, Negative Etiquette regorge de petits détails qui en font sa richesse. On pourrait par exemple mentionner les tendances dark-electro de Thistle Child, qui apporte une intensité supplémentaire au titre, ou encore l'excellent duo avec ECSTASPHERE, autre artiste du label audiotrauma, qui apporte quelques guitares, un peu de voix et son univers industriel et psychédélique sur Counterparts, un des grands moments du disque. Sur l'ensemble de sa durée, Negative Etiquette est un disque fascinant et séduisant, porté par des mélodies entêtantes qui laissent une impression de malaise étrangement attractif. Si déjà enfant, en jouant aux premiers Pokemon, vous étiez du genre à révéler vos tendances gothiques en glandant à Lavanville / Lavender Town en vous passant sa musique à l'envers, alors NOIRE ANTIDOTE est pour vous.
Présage funeste, cauchemar éveillé, menace dissimulée dans un coin sombre de votre esprit : Negative Etiquette est un peu tout ça. Lugubre et mélancolique, il est aussi jouissif qu'un bon film d'horreur gothique que l'on revoit chaque hiver avec le même plaisir. Pas de révolution en vue du côté de NOIRE ANTIDOTE, qui confirme avec ce deuxième album tout le bien que l'on pensait du projet en approfondissant les pistes tortueuses explorées depuis ses débuts. Toujours aussi addictives, les nouvelles créations malades de Benjamin Schoones devraient encore tourner en boucle tout l'hiver.