NYTT LAND ne s'arrête jamais : avec Cvlt, le trio originaire de Sibérie sort son cinquième album en autant d'années. L'ambient / folk nordique aux relents mystiques a le vent en poupe et nos chamanes de la toundra auraient tort de nous priver de leurs mystérieux rituels... D'autant plus que, profitant de l'effet de mode autour du genre et du succès d'un certain trio à grand spectacle, la popularité de NYTT LAND continue de grandir.
NYTT LAND mérite tout de même une place à part dans nos cœurs. Bien loin d'un énième clone de WARDRUNA ou HEILUNG, Anatoly et Natalya Pahlenko ont su donner une réelle identité à leur projet. L'âme de NYTT LAND est sombre et l'usage d'instruments traditionnels du nord de l'Europe n'empêche pas certains morceaux de Cvlt de sonner comme des compos metal (Song of the Kazym Goddess, Seven Spirits in White Coat et sa mélodie hypnotique), une impression que le chant de gorge guttural vient renforcer. Si le groupe puise son inspiration dans les mythes du nord de l'Europe, cette identité chamanique sibérienne infuse les morceaux et leur donne une saveur extrême-orientale particulière qui évoque autant les steppes que les grands blonds qui jouent de la Kantele.
NYTT LAND ménage quelques respirations minimalistes (Hanum) au sein de cet ensemble dense et varie les plaisirs en invitant d'autres artistes à participer à leur rituel nocturne. Le violoniste Finlandais Tuomas Rounakari apporte ses inquiétantes cordes stridentes sur Ar Hotan Imi, le chanteur de KORPIKLAANI Jonne Järvelä livre une prestation mélancolique pour Sortunut ääni et Maria "Mascha Scream" Arkhipova du groupe de pagan metal ARKONA participe au final qu'est Song of the Goddess Keeper et sa conclusion aux airs de transe incantatoire. Une bonne idée : sur la durée, l'auditeur accueille avec plaisir ces variantes, alors que les mélodies et rythmiques d'un morceau à l'autre ne diffèrent pas toujours énormément, créant aussi une cohérence d'ensemble.
Ce Cvlt est décidément bien séduisant avec son atmosphère inquiétante. Certes, le trio s'y répète parfois mais cela participe d'autant plus à l'aspect chamanique du tout, où des formules magiques ancestrales seraient répétées en boucle. La nuit est sombre et pleine de terreur, comme dirait l'autre et NYTT LAND propose un son plus rugueux et primitif que celui offert par les productions parfois trop lisses des blockbusters du genre tout en faisant preuve d'une identité forte. Rien que pour ça, il mérite notre attention.