La trouver relève presque du destin. NYXX n'est vraiment pas le genre d'artistes sur lequel vous tombez par hasard. Par jour de pure chance, vous pourriez et ce serait toujours une bonne idée. Tandis qu'elle mélange EBM et sonorités glam, NYXX a finalement fait le bon choix en empruntant le nom de la Déesse de la Nuit. A l'instar de l'originale Nyxx, elle combine glitter et destruction industrielle, lumière et noirceur, joie et détresse. Une idée qu'elle résume elle-même à travers le concept de goth-pop. Photographe professionnelle le jour, elle se transforme en une Déesse du son sombre et exaltant la nuit. Et, en avril 2016, elle se décide finalement à sortir son tout premier album intitulé Nightmare qui comprend 6 morceaux.
Lorsque vous entamez le voyage avec tout d'abord Diabolical, vous vous introduisez dans son monde, un univers intriguant où le sexy se mêle à Satan. Les lourdes basses fusionnent parfaitement avec le ton quelque peu obsédant du morceau qui délivre une impression de douce revanche. Peut-être plus ? Nightmare peut, au premier abord, délivrer un son plus catchy mais constitue en réalité la réponse parfaite au premier morceau. Si Diabolical nous présente le concept général de l'EP, NYXX en dévoile davantage sur son côté plus agressif dans Nightmare.
NYXX semble avoir quelques comptes à régler avec la vie. Nightmare dévoile une furie viscérale que les sonorités industrielles, déstructurées voire dérangeantes recréent. Le rythme saturé sert tout juste cette folie furieuse. Le morceau tire finalement à sa fin sur un cameo radiophonique qui rappelle La Fin. La fin de quoi ? Un tournant peut-être ? Probablement, notamment lorsque nous entrons avec surprise dans un tout autre univers avec le morceau Blindsided. Plus pop et électro, la chanson révèle une toute autre NYXX. Plus nostalgique mais aussi plus haute en couleur, le ton électronique sert l'expression des étapes d'une vie mouvementée, teintée d'événements parfois bien agréables, tandis que les parties du morceau plus lents, quelque peu évasifs voire cosmiques, sous-entendent ses regrets et les changements qu'elle finit par accepter et intégrer.
A mesure que le morceau avance, elle semble maturer. Le départ qu'elle évoque constitue finalement la touche finale dont elle avait besoin pour avancer et se reconstruire. Le morceau se termine sur un mouvement légèrement mystérieux et lent tandis que l'attitude plus joviale du commencement s'évapore pour laisser place à un 'I can't breathe'. Bien que les dernières palabres de Blindsided peuvent passer inaperçu, elles introduisent Noose qui arrive juste après Waiting et l'impression que certaines désillusions ont fait sombrer la créatrice dans des abysses de plus en plus sombre. L'oreille est entièrement captivée voire désorientée par la nature déstructurée des sonorités de Noose. Bien plus industrielle, sonnant comme un bon vieux NINE INCH NAILS. A mesure que le rythme s'emballe, une sensation s'en dégage. Le genre de sensation que l'on a lorsque l'on sent étourdi. Piégé entre bizarrerie et hystérie, marmonnant quelques idées vagues et cathartiques peu avant que Noose ne tire abruptement à sa fin, vous interrompant dans ces discussions profondes et brumeuses avec vous-mêmes. Mais attardons-nous quelque peu sur Waiting. Waiting ouvre néanmoins une toute autre porte et une perspective nouvelle à ce voyage symbolique. Bien différente des autres chansons de l'album, elle constitue une ballade qui rappelle des ballades traditionnelles irlandaises. La voix de NYXX y est à son apogée, résonnante comme si elle se trouvait seule dans son monde, seule face à elle-même. Le morceau est relativement court, ne durant qu'une petite minute et quelques secondes et ressemble davantage à un outro qu'à un véritable morceau. L'idée de fond est donc relativement osée mais sa qualité vocale y est tout bonnement envoûtante. Bien qu'elle chante en acapella sur ce morceau, sans l'aide d'aucun instrument, l'impression qui s'en dégage est exquis mais aussi poignant et déroutant. Wicked constitue finalement le dernier morceau de l'album. Plus hard rock que les précédents, il semble démontrer que NYXX est bien revenue à son soi profond. Sombre et déroutante. S'est-elle enfin trouvée? L'EP se termine sur une touche déconcertante et la sensation que NYXX continue de se battre contre certains démons et que le travail n'est pas terminé. Oui, Nightmare l'EP n'offre pas un happy ending traditionnel. Il vous hypnotise, vous ensorcelle, vous magnétise pour finalement se clôturer sur l'ouverture d'un autre univers, d'une autre perspective, d'un nouveau chemin à explorer. Après tout, l'EP est tout simplement aussi mystérieux que sa créatrice elle-même.