Il serait très compliqué de résumer la carrière de l’individu derrière le projet (o)†HERS, étant à l’initiative de plus de 7 projets tous plus ou moins actifs. Après un an d’absence, c’est donc sous le pseudonyme de (o)†HERS qu’il est de retour avec l’album AꜾꭒꞎꞓ Ɱ▲ꞐiꞒ EpꝇꞩꝹⱰeᶊ, album lourd de contexte, résultat de l’errance de son auteur, liant à la fois musique quasi bruitiste et samples ralentis comme il est de tradition dans la witch house.
On retrouve d’emblée l’aspect rythmique propre à (o)†HERS (par rapport aux autres projets du monsieur) sur cette sortie, que cela soit sur le morceau d’ouverture selfEnemy, instrumental hip hop saupoudré de bruits industriels inquiétants, ou sur la majorité des morceaux suivants, tels que Partly Trassh ou Dancing while eating Soup, qui constituent des tours de force mêlant rythmiques acérées et ambiance oppressante composée de sons grinçants et saturés et de chœurs samplés. Nous ne sommes pas loin ici des saturations agressives de SADWRIST ou de Salem.
Une partie non négligeable de l’album se compose également de rythmes plus dansants comme Scary Sometimes, morceau plutôt mineur mais bien placé en deuxième piste de l’album, weedNOtized, qui après passé sa demi seconde de sample hip hop se trouve être une morceau lo-fi industriel des plus intéressants, ou encore le morceau le plus tubesque de cet album, I need you (Donna Summer), qui, reprenant un morceau totalement oubliable de cette dernière arrive à en faire un hymne que l’on croirait sorti d’une sorte de gospel satanique. Ce dernier morceau montre que changer le tempo d’un morceau ou l’agrémenter d’autres choses peut transformer parfois une œuvre passée inaperçue en véritable pièce maitresse dans un autre contexte.
On notera également, l’inclassable Hung dry :fun mix: en milieu d’album qui s’avère parfaitement mélanger une structure typiquement witch house au noise le plus brutal, qui irritera bien plus que de raison les auditeurs non avertis mais qui pour l’auditeur avisé s’avèrera être une véritable surprise.
Particulièrement sur sa fin, l’album sert de terrain à des expérimentations des plus surprenantes qui ne sont pas sans rappeler les autres projets de (o)†HERS, avec le discours trafiqué de Nature can’t be illegal, et les œuvres noise monumentales qui cloturent cet album : Body of Ashes et Leaving/not-leaving (bien que ce dernier se finisse par un sample hip hop en boucle) qui constituent un parfait retour à la réalité, dure et acerbe (nous consolant tout de même avec un bonus track).
Que dire de ce retour, si ce n’est que c’est une réussite et un parfait rappel de l’étendue de l’œuvre de cet artiste hors du commun qui n’a de cesse de développer son propre style bien loin des carcans de n’importe quel genre établi. Une œuvre certes difficile d’accès pour les néophytes, mais d’une profondeur et d’une diversité musicale rare et qui ne laisse pas indifférent celui qui laisse son oreille s'y ouvrir.