OGEZOR tient le rythme et nous raconte son histoire au rythme d'un album tous les deux ou trois ans. Le groupe de metal industriel nous embarque pour la troisième fois dans son univers futuriste avec The Green Light, un univers qui se développe dans des clips / court-métrages mais s'étend également via un e-book et un jeu vidéo (pour plus d'infos, on vous invite à vous rendre sur leur site).
Il y a plusieurs choses qui peuvent séduire chez OGEZOR. Ce qui saute aux oreilles de prime abord, ce sont ces riffs agressifs, ces rythmiques accrocheuses et l'énergie qui s'en dégage. OGEZOR laisse une grande place à l'électronique et assume ses influences dark électro et cyber, le tout incarné par un chant grave aux vociférations théâtrales. Surtout, comme plusieurs groupes français du genre, OGEZOR cultive un son personnel, certes sous influences mais doté d'une personnalité plus affirmé que chez la plupart des standards teutons interchangeables : offensif, varié et jamais ennuyeux ou prévisible.
Cependant, si l'on est bien sûr ravis de monter le son sur les refrains fédérateurs de The Bunker Zero, The Syndicat of Barons ou la martiale The Holy Dragon, la singularité du groupe se trouve surtout dans les ambiances déployées. En lorgnant parfois du côté de la synthwave et de la musique de films, OGEZOR n'a pas peur de ralentir le rythme pour imposer une humeur plus contemplative et mélancolique mais aussi plus propice à donner une ampleur narrative à la musique, à l'image de The White Butterflies et son solo anachronique dans un univers futuriste qui donne toute son intensité au morceau. Atmosphère cyberpunk ? Pas de doute à l'écoute de titres comme Radium-V et sa frénésie crescendo ou Dark N's Ego, OGEZOR a non seulement saisi le truc pour donner vie à un monde poisseux et dystopique et, dans ses multiples hommages à la culture geek, probablement poncé la merveilleuse bande-son du jeu vidéo Cyberpunk 2077.
The Green Light est une expérience cinématographique et c'est là sa plus grande force : les compositions font preuve d'une réelle profondeur rendant cet univers tangible et lui donnant un souffle épique qui en rendent la traversée immersive au point de facilement oublier ses légers défauts (on aurait par exemple aimé un chant parfois moins monolithique, plus expressif dans ses émotions). En mettant en scène la mort du personnage incarné par le chanteur et cerveau du projet, F-2301, lors d'une conclusion au piano dont la sobriété et le soudain minimalisme ne rendent que plus palpable la grandiloquence tragique, OGEZOR laisse planer un doute sur la suite de son existence. De notre côté, on espère continuer d'explorer cet univers, après tout, comme le disait si bien l'affiche de l'infâme Scary Movie 4, "les meilleures trilogies sont en quatre épisodes" !