Les chrysanthèmes de Plague Garden ont beau être fanées, ambiance gothique oblige, ça ne les empêche pas de fleurir bien souvent : Under the Sanguine Moon est leur quatrième album depuis 2020. Une productivité qui impressionne mais va forcément de paire avec une méthode de travail efficace : n'attendez pas de remise en question majeure de la part du groupe, ni de fioritures avant-gardistes. Du rock gothique qui va à l'essentiel pour danser les yeux rivés au sol dans un caveau, voilà le programme... et on ne va pas s'en plaindre.
Et de caveau il sera bien question : cette fois, Plague Garden sort du placard les capes noires et les canines acérées. Une pochette rouge sang, des titres aux références sanguinolentes ou blasphématrices : le nouvel album du groupe de Denver y va à fond dans le vampirisme. Le piano, les accents théâtraux, cette voix grave et profonde à l'écho spectral qui s'effacerait presque pour laisser aux ronronnements de la basse le soin d'imposer sa brume mystérieuse... Les ingrédients sont là et si la guitare de Running From Satan sent parfois le sable du désert, on pense alors au Vampire de John Carpenter.
Plague Garden va droit au but avec un gothic rock sous influences qui ne cherche jamais à révolutionner le genre ni à faire preuve de modernisme : on est d'ailleurs plus proche du son du début des années 80, avec sa tension post-punk et le fantôme de Christian Death qui se morfond dans un coin, que des tubes des 69 Eyes. Plague Garden varie cependant les plaisirs, que ce soit en invitant Azy Bats au chant sur la mystérieuse Pandora, en passant à l'espagnol pour rendre hommage aux adolescents vampires de Lost Boys avec la dynamique Los Niños Perdidos, ou en s'amusant à vampiriser Garbage en reprenant #1 Crush, ajoutant à la lenteur d'origine un supplément de séduisante menace.
Théâtral et froid, Under the Sanguine Moon est un album pour danser à l'ombre des tombes, que ce soit au son des riffs plus mordants des nerveuses Shadows et The Dirty Dead ou de la mélancolie de Blood Debt. Point de révélation à l'horizon mais une œuvre faite par des fans pour des fans, respectueuse des codes du genre et faite avec suffisamment d'amour et de talent pour que l'on y plante nos crocs avec plaisir. Le temps que le charme s'estompe, Plague Garden aura déjà sorti un nouvel album !