Il y a deux ans, POTOCHKINE sortait Mythes, impressionnante œuvre de 27 titres aussi intimidante que fascinante et qui servait de bande-son à une pièce de théâtre. Avec Sortilèges, le duo revient à un format plus classique, si tant est que ce mot veuille dire quelque chose dans cet univers fait de tension, de poésie, de folie contenue et de beats hypnotiques.
POTOCHKINE réussit à faire beaucoup avec très peu : des mélodies et rythmiques presque minimalistes, du chant et (seulement) huit titres relativement courts. Ce sont les ingrédients de Sacrilèges, un album à la richesse tout aussi surprenante que son impressionnant prédécesseur. On se laisse prendre par l'énergie des pulsations électroniques, répétitives et presque primitives, jusqu'à la transe, alors que le chant très théâtral et expressif de Polly Paulette véhicule une large palette d'émotions (ironie, menace, mélancolie...) via des textes en français ciselés avec soin.
On y transpire (la très EBM Pogo, cri de frustration face à la privation de concerts depuis un an), on y frissonne (les notes hantées de synthés retro et la réverbération fantomatique de la très spooky Tandis que les Chiens Gueulent, terrible). POTOCHKINE séduit avec ce cocktail poétique qui utilise les contours d'un son dancefloor accrocheur comme Cheval de Troie pour y cacher tout un univers singulier, fait de mythes, de rituels et d'élans rageurs (Préférer se Taire, Sauvez-moi du Chaos). L'héritage goth et darkwave est évident, entre lamentations spectrales et mélodies inquiétantes, le tout propulsé jusqu'à nos tympans par des beats infatigables garant de performances live qui secouent héritées des scènes EBM et electro-clash.
POTOCHKINE est décidément un projet atypique et fascinant, installant un univers singulier, où le cérébral et le viscéral s'associent pour donner vie à un monstre irréel, à la fois onirique et terre à terre, où la froideur de l'électronique n'entrave jamais la puissance dramatique et théâtrale des morceaux. Sortilèges est l'album parfait pour faire la fête dans le noir ou mettre un peu d'ambiance pendant un sacrifice humain.