On ne va pas faire semblant, hein : POWERMAN 5000, ça n'a jamais été génial. Ce n'était déjà pas fou à l'époque de ses plus grands succès (le pluriel est-il vraiment justifié ?) et il y a fort à parier qu'un nouvel album en 2020 sorte dans une relative indifférence. Au mieux, on élèvera un sourcil, vaguement étonné, comme quand on apprend qu'un présentateur météo dont on n'a pas entendu parler depuis quinze ans ouvre un restaurant. Un "ah" nous échappe et on oublie, parce qu'en réalité, on s'en fout un peu.
Du coup, c'est vrai que The Noble Rot ne provoque pas forcément la même attente fébrile ou le même enthousiasme délirant que d'autres sorties, ni même que d'une promenade au bord du lac voir si les canards ont eu des petits poussins, parce que quand même, c'est trop mignon les poussins. Sans même se lancer dans l'album, on imagine bien le résultat : une demi heure de morceaux d'à peine trois minutes tous balisés, standardisés et formatés au possible prévus pour faire la fiesta.
Et pourtant, il y a quelque chose. Pas forcément du génie, mais "un truc". Peut-être que ça vient du chant de Michael Cumming, moins agressif et aux influences plus coldwave flagrantes dès Cannibal Killers That Kill Everyone. POWERMAN 5000 ne réinvente pas l'eau tiède mais s'éloigne aussi des riffs indus basiques des années 90, pourtant toujours recyclés sur le récent New Wave, en 2017 et revendique curieusement l'héritage de Peter Murphy et Siouxsie Sioux (tout en ayant toujours des airs de sous-Manson, sous-KORN et sous-ROB ZOMBIE, bien sûr, mais ça c'est la famille). Bien sûr, les références geeks horrifiques sont présentes mais au pire (Brave New World, Special Effects) succèdent quelques réussite, comme cette froideur goth et ces beats entraînants sur Play God or Play Dead, Black Lipstick (aussi jouissive que kitch) et Strange People Doing Strange Things, ou l'étrangeté de Let the Insect Rules à l'ambiance à la fois amusante et malsaine.
PM5K ne s'encombre de rien de superflu et va à l'essentiel et même si tout ça semble un peu facile, on se prend parfois au jeu grâce à l'énergie qui s'en dégage. L'ensemble est anecdotique et on l'aura vite oublié, mais on peut saluer cette tentative de ne pas se vautrer paresseusement dans des acquis vieux de vingt-cinq ans et essayer de nouvelles choses, même quand ces nouvelles choses ont quarante ans !