A l'annonce officielle de la composition du second album, c'était le bon moment pour ressortir l'excellent Mirror of Modernity des parisiens de PRAETORIA. Après la sortie d'un premier EP en 2013, déjà bâti sur de bonnes fondations malgré quelques faiblesses sur la vocalise, le groupe était revenu deux ans plus tard avec une nette amélioration technique et des choix judicieux notamment avec l'abandon du pig squeal, présent sur l'EP The New Reign, qui n'apportait pas grand-chose par son manque de puissance.
On retrouve tout de même l'essence du groupe avec sa batterie bien nerveuse couplée de riffs typés core / crossover et parsemés de petites touches progressives. La dualité vocale est nette et utilisée intelligemment afin de renforcer les effets souhaités. Le contenu est ici d'une bonne fluidité pour un groupe qui semble avoir trouvé le son qui lui correspond. Certes, rien n'est vraiment novateur dans la composition, de toute façon l'originalité du deathcore – et de la musique en général – est aujourd'hui une denrée rare, mais le résultat a le mérite d'être efficace même s'il a tendance à surtout se démarquer sur la seconde moitié de l'album.
Toutefois, ce qui serait avant tout à reprocher à cet album, c'est le nombre de bonnes idées qui ne sont pas forcément exploitées jusqu'au bout à cause de ces petites maladresses éparses qui laissent un arrière-goût de "il manque quelque chose".
Quelques transitions sont parfois trop brutales et des relents progressifs paraissent mal aboutis, notamment avec Inhumanity is Complete et une inspiration presque industrielle pour son aspect cinématique quoiqu'entrecoupée de passages brouillons dont un breakdown totalement inopiné. L'intro de Disaster of Mars complètement anéantie par une subite coupure plus calme heureusement vite balayée par les couplets et l'outro est quant à elle désynchronisée du reste de la chanson bien qu'elle soit maîtrisée et excellente. À la première minute de Deliver us From Their Chains, on a droit à un riff dévastateur qui n'appelle qu'à un affrontement entre légionnaires et hoplites, mais ô combien frustrant car extrêmement court. Un côté progressif vient adoucir le rythme seulement quelques secondes plus tard qui, après un court break, reprend mais totalement aseptisé de sa violence. On tenait pourtant quelques chose mais le sentiment d'inachevé l'emporte et empêche de profiter pleinement du reste du titre qui, cependant, comporte de bonnes idées. A contrario, le final de Malicious Trap nous fait vibrer bien plus longtemps entre la rythmique qui nous tire vers le headbang et la batterie vers le pogo, le tout appuyé par le jeu vocal qui alterne grunt et scream pour donner plus d'ampleur aux variations de la guitare.
Malgré ses quelques petits défauts, Mirror of Modernity reste un bon album dans le genre, sachant qu'il est très difficile de se démarquer sur la scène deathcore. PRAETORIA a tout de même le mérite d'avancer certaines idées mais qui, pour certaines, nécessitent d'être plus réfléchies afin d'être exploitées au maximum de leurs capacités. Malicous Trap est l'un des meilleurs parpaings d'amour qui m'ait été donné d'entendre ces dernières années et qui tourne régulièrement en boucle. Le groupe a annoncé vouloir reprendre la composition de leur sophomore depuis le début, ce qui ne peut leur être que bénéfique quand on voit le potentiel que peut offrir PRAETORIA.