Psyclon Nine revient avec And Then Oblivion assombrir l'équinoxe de printemps en ce mois de mars beaucoup trop ensoleillé. Après le très réussi Less To Heaven sorti il y a bientôt trois ans, Nero Bellum, connu pour marier avec talent aggrotech, black metal, et musique industrielle dans un style identifiable entre tous, ressort de l'ombre et annonçait déjà la couleur, sombre toujours, dès le premier single I Choose Violence sorti il y a quelques semaines.
En effet, si le précédent album contenaient une aura plutôt mélancolique dans la lignée de son side-project Not My God (dans lequel Tim Skold posait la voix sur ses compositions), celui-ci nous emmène danser en Enfer. L'art accrocheur et dansant des premiers albums refait surface mais avec ce petit quelque chose en plus, mystique et envoûtant. Les sons vivants et accessibles oscillent dans un cauchemar sans fin. Devil's Work marque une franche entrée dans un monde insidieux porté par une rhétorique obsédante : "the Devil made me do it" nous chuchote l'artiste, semblant complice des pires choses passées et à venir. La tension ne cesse d'augmenter, la production est parfaite si bien que nous sentons dès les premières écoutes que nous avons trouvé un nouvel exutoire à ce monde.
Si les rythmiques agressives de Locust Of Everything nous écrasent et celles de Say Your Prayers nous condamnent au jugement le plus sévère dans cette réalité teintée d'un pessimisme noir, la dernière partie se pare d'un velours plus mélancolique, prouvant que Nero Bellum est aussi pertinent lorsque qu'il veut invoquer le Diable que la beauté. La huitième piste, Après Toi le Déluge, est la jumèle fantomatique d'Après Moi le Déluge (huitième piste du précédent opus, instrumentale également) faisant de cette œuvre un miroir maléfique de la précédente. Ses nappes de piano voltigeant dans une atmosphère aux tristes invocations hantées sont le point de communication entre ces deux mondes. L'univers, étoffé, plus complexe et sans fausse note, saura plaire aux fans de la première heure tout comme aux nouveaux. Le dernier titre Taxidermy (si l'on ne compte pas la piste cachée) entièrement chantée en voix claire sonne comme une comptine désespérée aux ailes brisée; "I don't wanna hurt you so push me away" chante une voix tremblante et amer qui nous brise le cœur. Là est toute l'audace de Psyclon Nine, nous faire passer de l'envie de danser avec le Diable, à l'envie l'instant d'après, de pleurer.