Chronique | Punish Yourself - Pink Panther Party

Pierre Sopor 19 octobre 2009

Chaque sortie de Punish Yourself est un événement musical majeur depuis plusieurs années, et 'Pink Panther Party' n'y coupe pas. Depuis un moment, le groupe toulousain est passé du statut de "groupes aux références multiples" à "groupe référence", créant leur son et leurs ambiances propres. Alors forcément on pense toujours à Foetus (le chant sur 'This is my Body, This is my Gasoline'), on note des clins d'oeil ( à Oomph pour les paroles de 'Born in Thorns, Torn to Pieces' par exemple), mais Pink Panther Party rappelle surtout des disques connus pour leur noirceur, leur saleté et leur violence, comme 'Excess & Overdrive' de Treponem Pal ou 'Last Rights' de Skinny Puppy. Car après une "accalmie" sensible sur leurs dernières sorties, les fluos ont décidé de ressortir les crocs. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça tabasse. Shiva, un flingue dans chacune de ses 666 mains arrive tout droit d'un URSS futuriste apocalyptique pour nous coller la raclée de notre vie. Des riffs accrocheurs et bourrins et un chant ultra agressif et direct, quasi live, d'un VX déchainé sont les ingrédients de leur album le plus violent à ce jour. Entre gros metal indus ultra efficace ('Shiva Only Is God', 'My Name Is Legion'), et un délire théâtral martial - indus - kitch assumé ('Deadmeatpetroleum') dérivant vers un bordel frénétique très très (très) énervé ('This is my Body, This is my Gasoline', croisement improbable entre du gros thrash metal et 'Night of The Hunter' pour le coté fou), 'Pink Panther Party' ne laisse pas une seconde à son auditoire pour souffler. Au point peut être de fatiguer certains, dont les neurones auraient explosé en route. Sur 'Zmeya', une des meilleures chansons du groupe, le violon de Ecstatic (qui travaille avec l'excellent projet Serial Industrie) succède au saxo plus présent dernièrement pour un morceau endiablé et entêtant. Mais ne parler que du chaos et de l'énergie de ce CD serait une insulte à ses qualités et sa richesse. Au fil des années, des sorties, des concerts, voire de leurs différents projets, Punish Yourself s'est imposé comme l'un des tout meilleurs groupes français (voire plus), mais aussi un des plus influents. Car au delà de leur talent hallucinant, ils savent s'entourer de nombreux groupes, formant une communauté artistique forte . Leur aura va plus loin encore, tant leurs rapports avec leur public sont particuliers, véritable phénomène illustré par 'Welcome to Now', dont l'intro est une contribution de leurs nombreux "fans". Bref, une fois de plus Punish Yourself tape très fort et nous propose un album absolument énorme, à la hauteur des attentes et de leur réputation. On ne peut qu'admirer leur travail et la façon dont le groupe fonctionne, et leur souhaiter qu'en signant avec Season of Mist ils connaitront enfin le succès qu'ils méritent en dehors de nos frontières.