Il y a trois ans, ROB ZOMBIE semblait retrouver un second souffle alors qu'un vent de folie et de liberté soufflait sur le très fun Venomous Rat Regeneration Vendor. Le disque était festif, efficace, d'une spontanéité et d'une fraîcheur qui renvoyait à l'époque WHITE ZOMBIE. The Electric Warlock Acid Witch Satanic Orgy Celebration Dispenser (ouf !) se veut de la même veine au moins visuellement, avec sa pochette psychédélique et surchargée.
Avant même de lancer l'écoute de la bête, impossible de ne pas tiquer sur la durée de l'ensemble : une demi heure. Soit le temps qu'il faut pour lire à haute voix la tracklist du disque, avec ses titres à rallonge (sans rire, ces gros machins, c'est pour compenser les tout petits bouts que cache l'album ?). Les hostilités s'ouvrent sur un The Last of the Demons Defeated bien lourd : ROB ZOMBIE scande trois / quatre mots en boucle accompagné de riffs pachydermiques lents et menaçants. La recette a fait ses preuves plus d'une fois et Robert-le-mort-vivant continue de l'user. Mais ça marche, pas de problème. Alors forcément, on se sent un peu frustré quand ça s'arrête et qu'on passe au morceau suivant. Mais si placer l'auditeur dans une situation d'attente est le rôle de tout prologue qui se respecte, la frustration va revenir régulièrement, encore et encore. C'est rageant quand, au bout de deux minutes, en plein morceau, alors qu'on commence à accrocher et à trouver ça bien groovy, tout s'arrête. Aucun titre ne dépasse trois minutes, et on a la sale impression que la plupart d'entre eux ne sont pas terminés, que ROB ZOMBIE nous balance des pistes, des brouillons particulièrement soignés. Alors c'est fun, John 5 s'éclate, le son est plus lourd et incisif que sur le précédent, et il y a toujours ce côté décalé et jouissif, mélange bordélique horrifico-SF-psychédélique (cf le clip totalement débile de Well, Everybody's Fucking In a U.F.O.), mais le Zombie et sa bande se sont pas foulés plus que ça... Allez, hop, on balance trois riffs qui tabassent, on braille vite fait les quelques mots du titre en boucle pour faire un refrain une fois ou deux, quelques accords feront les raccords et, magie, ça fait un morceau ! Il y a pourtant de très bons moments tout au long de l'album, entre les transitions rednecks-flippantes (A Hearse Overturns with the Coffin Bursting Open), les rengaines rock'n'roll qui restent en tête toute la journée (The Life And Time of a Teenage Rock God, Satanic Cyanide! The Killer Rocks On!), les guitares bien furieuses de In the Age of the Consecrated Vampire We All Get High et le final pesant et glauque Wurdalak (seul morceau à dépasser les trois minutes... Et dont le titre tien en un mot !). Bref, ROB ZOMBIE nous ressort ses gimmicks que l'on connait par cœur, mais il le fait avec plus de convictions qu'à l'époque du poussif Hellbilly Deluxe 2. L'envie est là, et The Electric Warlock est un disque explosif, bourré d'énergie, de petits passages qui procurent un réel plaisir régressif, renvoyant à la fois à WHITE ZOMBIE, au Hellbilly Deluxe premier du nom mais aussi au précédent Venemous Rat Regeneration Vendor. Mais c'est aussi un disque frustrant, dans lequel il est difficile de distinguer quoi que ce soit de vraiment marquant, tout est beaucoup trop court, et on sait ROB ZOMBIE capable de mieux pour nous pousser à écouter ses disques en boucle !