Chronique | Rosegarden Funeral Party - From the Ashes

Tanz Mitth'Laibach 10 septembre 2024

Parmi les groupes gothiques américains que l'on a vu fleurir récemment, Rosegarden Funeral Party possède un charme bien particulier. Cela tient à la teinte douce-amère de ses morceaux, à la voix grave de sa chanteuse et compositrice Leah Lane qui s'accorde à merveille avec son instrumental goth-rock, à son sens de la mélodie. Actif depuis 2017, le trio originaire du Texas sortait cet année un quatrième album intitulé From the Ashes, centré sur la nécessité de savoir lâcher prise lorsque l'on perd sa relation avec quelqu'un.

Et c'est bien l'idée d'une renaissance dans le départ qu'exprime avant tout l'album, comme on s'en rend compte dès le premier morceau Doorway Ghost avec son introduction en forme de démarrage, tout comme le symbolise l'image de Leah Lane sur sa moto en couverture de l'album ainsi que dans le clip de la chanson. On se rend très vite compte également que l'on tient un tube : une fois de plus, le chant de Leah Lane s'épanouit avec toute sa force mélancolique sur le refrain, accompagné d'un très beau crescendo de la guitare et de la batterie ; la trompette de Miles Belvin, qui se joint au trio pour cette fois, ajoute à l'atmosphère aigre-douce. Rosegarden Funeral Party nous fournit plusieurs de ces chansons énergiques, c'est aussi le cas notamment du morceau suivant Wait Until Morning ou plus loin d'Embers et d'Almost Heaven ; on y apprécie beaucoup la mise en avant de la batterie de Dean Adams, instrument que l'on entend habituellement moins dans la scène gothique, qui nous emporte au fil des revirements émotionnels du chant.

S'il faut partir, toutefois, c'est bien parce que l'on est hanté, et cette hantise se retrouve dans des morceaux plus calmes de l'album : les ballades First to Cry, Pillar of Salt et, beaucoup plus aérienne, Love Like Goodbye, qui concluent la première partie de l'album, restent figées dans le manque et la déception. On préfère parmi elles Love Like Goodbye, qui est pour une fois un morceau dominé par le synthétiseur. L'album s'assombrit cependant davantage encore dans son derniers tiers : A Different Kind of Carnage est tout simplement magnifique avec son saxophone (Alyssa Gallagher de Trigger Discipline) en arrière-plan tandis que le chant de Leah Lane condamne avec tristesse une relation malsaine ; Like the Rain est encore plus belle, hantée par le son de la cloche et une nappe froide, le chant de Leah Lane d'une tristesse infinie. Si Doorway Ghost est à n'en point douter le tube de l'album, c'est bien sur A Different Kind of Carnage et Like the Rain que l'on atteint le sommet de la beauté noire, ces deux ballades sont même encore plus marquantes que les pièces-maîtresses passées du groupe telles que Fade to Black. Ce n'est pourtant pas sur cette noirceur que finit le disque et heureusement : l'album redémarre en trombe avec le morceau éponyme From the Ashes, tout en accélération jouissive menée par la guitare et la batterie, le chant reprend force et ne s'arrête plus à présent que nous avons pu renaître de nos cendres, ayant accepté ce que nous ne pouvions changer pour laisser les fantômes à la porte.

From the Ashes est donc un très bel album, où la forme traduit avec puissance le fond comme toujours chez Rosegarden Funeral Party. Nous avons traversé des émotions variées, pris entre l'espoir, l'amertume, la tristesse et la libération jouissive. Un album qui fait du bien !