Depuis bientôt deux décennies, SCHULTZ trace son petit bout de chemin à grands coups de beats industriels méchants. Black Magic Party succède à Shot of Pain sorti un an plus tôt : SCHULTZ n'a pas trainé en chemin.
D'ailleurs, une fois passée Between the Pillars, intro angoissante aux relents dystopiques, on se rend vite compte que nous non plus, on ne va pas traîner. L'album démarre à toute berzingue avec Ritual, le rythme est rapide, les riffs mordants, le chant agressif. Mélange d'influences dark-electro, metal-indus et cyberpunk, ça transpire l'énergie et la hargne par tous les pores. SCHULTZ a une texture sonore bien particulière : on ne s'encombre pas ici de tonnes de couches, la musique nous saute à la gorge avec rage et fureur de manière quasi primitive. Il y a d'ailleurs quelque chose de purement industriel dans la façon dont les différents motifs musicaux se répètent au sein d'un morceau, chaque boucle éloignant un peu plus l'humain. C'est sec, ça claque et quelques mélodies simples mais percutantes aèrent l'ensemble (Devil is Inside Me et son clavier minimaliste mais de sinistre présage) dans cet univers synthétique ou les paroles scandées évoquent à la fois panique et menace.
Son titre l'indique, Black Magic Party est aussi un album festif. I Am the Drug, Lucifer is my DJ, Demons in My Computer... Les titres faits pour remuer nos popotins s'enchaînent et un certain second degré pointe même le bout de son museau le temps d'un featuring avec la truculente Hikiko Mori de BAD TRIPES sur My Cat Loves Satan. Le rythme ne faiblit d'ailleurs jamais, SCHULTZ est là pour nous faire suer avec son univers où les machines sont maîtres. Les voix sonnent lointaines, parfois métalliques, assimilées par l'électronique toute-puissante et une ambiance qui sent bon l'underground poisseux, un truc turbulent et sale qui n'est pas là pour caresser l'auditeur dans le sens du poil.
Black Magic Party est un condensé d'énergie négative, un truc méchant et dansant qui va droit à l'essentiel. On le parcourt au pas de course et on en ressort lessivé, le souffle court... Ou, au contraire, électrisé au point de se le relancer une fois de plus. Tout dépend de ce qu'on a mangé avant. En tout cas SCHULTZ a réussi son coup en nous balançant cet uppercut en pleine poire avant même qu'on ait eu le temps de le voir venir.