L'an dernier, Andreas Kisser tuait les espoirs de retour de Max Cavalera au sein de SEPULTURA, préférant garder un contrôle total de son groupe. De quoi agacer les vieux fans du groupe brésilien à l'agonie depuis une quinzaine d'années. Le départ d'Igor Cavalera en 2007 aurait pu être le coup de grâce porté à une légende moribonde. C'est dans un contexte de quasi-indifférence et de désillusion que sort donc ce douzième album, Kairos. Et pourtant, dès Spectrum, les sceptiques peuvent ravaler leurs langues de vipères. Titre répétitif, hypnotique, au chant guttural et menaçant, on approche d'un thrash metal rappelant ce qui se faisait de mieux il y'a 15 / 20ans (on pense notamment à PANTERA, en plus pesant). Arrive ensuite Kairos, rouleau compresseur brutal sur lequel Kisser s'en donne à cœur joie. Très bon techniquement, ce SEPULTURA se fait plaisir. Au point de s'offrir le luxe de reprendre Just One Fix de MINISTRY, restant fidèle à l'originale tout en y apportant une touche personnelle, finalement assez proche de la façon dont le chanson était jouée lors des derniers concerts du groupe d'Al Jourgensen. D'ailleurs, les brésiliens renouvellent la prouesse de la bonne reprise en s'appropriant avec brio Firestarter de THE PRODIGY, dans les bonus de l'édition spéciale. Sauvage, l'album reste dans un mid-tempo propre à planter des ambiances pesantes (même si Mask ou No One Will Stand sont plus speed), chaque morceau bénéficiant d'un traitement soigné et d'une richesse addictive. Sur Structure Violence (Azzes), les percussions des français des TAMBOURS DU BRONX viennent donner un coté plus tribal et industriel à SEPULTURA. En revenant à une musique plus sombre, renouant avec un bon thrash metal loin du hardcore peu inspiré des derniers albums, SEPULTURA s'est peut être retrouvé avec Kairos. Les brésiliens ont enfin réussi leur renaissance, et digéré pour de bon l'époque Cavalera (depuis le temps...). On tient en tout cas, et de loin, le meilleur album de SEPULTURA depuis Roots, et on attend de voir ce que ce line-up de nouveau inspiré peut nous offrir par la suite.
Chronique | Sepultura - Kairos
Pierre Sopor
24 juin 2011