Shredder 1984 aime quand tout s'effondre, si possible dans le fracas d'une bataille dantesque opposant des créatures mythologiques à des bidules du futur, et évidemment avec ce qu'il faut d'explosions monumentales. Cet artiste originaire de Biarritz sortait un premier album en 2017, Dystopian Future, et enchaine depuis les sorties. Fin 2022, Doomsday Chronicles laissait déjà supposer chez lui un goût prononcé pour les apocalypses auxquelles ses synthétiseurs fournissent une bande-son épique. Cette fois-ci, direction la mythologie nordique avec Ragnarok.
Vous pouvez ranger vos cornes à boire en plastoc, vos tatouages pourris, vos pseudos à base de Ragnar-du-78, vos albums de Heilung et vos jaquettes d'Assassin's Creed ou God of War. Ce Ragnarok là, il se fait en cavalant à toute allure, un gros flingue rouillé fumant au poing, en explosant des parpaings de béton d'une cité futuriste. Pensé comme la bande son d'un jeu de shoot imaginaire, il y est question d'un combat final apocalyptique entre les dieux des anciens temps et les machines d'un futur dystopique qui finiront par provoquer la fin du monde. Un gloubi-boulga mythologique-cyberpunk ? On prend !
Musicalement, on apprécie l'approche de Shredder 1984, décomplexé, bourrine et si satisfaisante. Son mélange darksynth / metal ne fait pas dans le subtil : tout y est grandiloquent, intense, épique, théâtral, à l'image de ce Mecanical Ragnarok qui, déjà, dit tout avec ses chœurs mystiques et ses riffs synthétisés assassins. On pense évidemment au travail de Mick Gordon sur les OST des derniers jeux Doom, qui retranscrit ce même mélange de violence futuriste et de mystique impie, mais aussi à Master Boot Record pour ce goût du rentre-dedans, de l'urgence et du metal digitalisé et déshumanisé. Shredder 1984 a beau citer les éternelles années 80 comme source d'inspiration, sa musique dépoussière les sonorités retro et reste dans le rugueux, le méchant. On n'est pas là pour danser, on est là pour péter des trucs, ou à la rigueur regarder des trucs péter d'autres trucs.
Quatre morceaux, c'est une bonne durée : jamais l'énergie ne s'étiole et ce Ragnarok garde son intensité apocalyptique de bout en bout. Certes, on pourrait mégoter : en enchaînant autant les sorties, Shredder 1984 prend le risque d'étouffer son public sous ses assauts répétés. Mais le format court évite la lassitude et garantit des ajouts frais à nos playlists de fin du monde.