SIDILARSEN a passé la vingtaine. Il y a eu l'époque des premiers pas, forcément maladroits mais si attachants où l'identité des Toulousains était déjà forte. Est venue ensuite l'adolescence, marquée par Une Nuit pour Sept Jours et Machine Rouge, deux albums sur lesquels SIDI faisait preuve d'une maturité nouvelle et peaufinait son "dance metal". Aujourd'hui, la bande est devenue adulte : le succès de Dancefloor Bastards en est la preuve et SIDILARSEN est désormais une figure majeure de la scène metal française. L'alchimie entre les voix, la pertinence des textes, la justesse des compositions : la progression est impressionnante. Et si aujourd'hui, la prochaine étape, c'était la vieillesse chiante et routinière ?
C'est mal connaître SIDILARSEN. Depuis toujours, au-delà des compositions, au-delà de l'envie de faire bouger le public, c'est avec son âme que le groupe touche son public : sa sincérité, son humanisme et son engagement ont toujours fait sa force. On les attendait donc au tournant, alors que notre monde semble se perdre de plus en plus dans ses diverses turpitudes. Et SIDILARSEN ne fait pas de mystères : cette fois, c'est la guerre. "On va tous crever" : ce sont les premiers mots murmurés d'un album qui s'annonce furieux d'emblée. À Vif, premier single belliqueux aux riffs particulièrement méchants plante le décor particulièrement sombre et agressif de l'album. On savait la bande capable de nous secouer mais on ne l'avait jamais connue aussi méchante.
L'énergie et la puissance que dégage le début d'On Va Tous Crever est impressionnante. Avec Money Game, le rythme est loin de faiblir. Les formules fontmouche, la structure du morceau semble taillée pour le live : SIDILARSEN est doté d'un redoutable sens de l'efficacité. Les paroles, essentiellement en français, font preuve du même engagement que d'habitude, jonglant entre les punchlines parpaing et les envolées poétiques avec une finesse parfois touchante. Jamais cet album ne semble s'essouffler, bien au contraire : en variant les plaisirs, SIDILARSEN garantit à l'ensemble les moments de respiration nécessaires (l'électronique de God's Got Guns, hit irrésistible, le chant scandé d'Interdit de se Taire et son final massif, la pause plus romantique de Dans tes Bras, le final mélancolique en apothéose de L'ardeur du Vivant). Parce qu'entre des morceaux aussi hargneux et rageurs que We Come to Get It ou À Vif et des hymnes comme Start Up Nation, le risque du trop plein était réel. Pourtant, jamais on ne sature : SIDILARSEN maîtrise parfaitement son sujet et réussit à maintenir une tension tout le long de ce On Va Tous Crever sans devenir indigeste.
Les allergiques ne changeront cependant pas d'avis : SIDILARSEN y va parfois avec de gros sabots, les formules commencent à être connues et on ne peut pas dire que les Toulousains quittent leurs zones de confort. La vraie nouveauté ici est la noirceur, le mordant des riffs. Mais malgré son agressivité et sa colère qui éclatent tout le long de ses onze morceaux, malgré la rage qui en suinte, il faut saluer la sincérité d'On Va Tous Crever, oeuvre jamais cynique. Humaniste toujours, SIDILARSEN continue de se donner avec générosité et d'inciter son auditeur à aller vers le haut, à progresser. Ce disque vient des tripes, ça se sent.