Le duo SKYND est de retour, à peu près un an après avoir sorti son premier chapitre. Aucun bouleversement de formule : Chapter II propose trois nouveaux titres qui continuent d'explorer les ténèbres de l'âme humaine avec trois histoires sordides.
On ignore si le groupe compte un jour suivre un schéma plus traditionnel et sortir un album, mais à l'heure actuelle le concept continue de fonctionner et, surtout, permet à SKYND de prendre le temps de développer ses histoires en illustrant chaque morceau par des clips esthétiquement travaillés qui participent au moins autant que la musique à instaurer une ambiance morbide. Si le tout premier morceau du groupe à être sorti, Elisa Lam, parlait d'un suicide et de légende urbaine, tous les autres sont consacrés à des meurtres.
Chapter II commence avec Jim Jones, en référence au tristement célèbre gourou du Temple du Peuple dont l'histoire s'est achevée par la mort de ses 900 adeptes. Suicide collectif ? Ce n'est pas ce que laissent penser les traces de cyanure, les balles et les flèches retrouvées sur les corps. Musicalement, le morceau développe une théâtralité nouvelle, la voix de Father répondant à celle de Skynd pour instaurer un dialogue cynique et inquiétant avant de se diluer dans des chœurs fantomatiques en conclusion. Les inspirations sont les mêmes : pop, trap même, mais aussi gothiques et industrielles : SKYND fait toujours autant penser à une version dark de DIE ANTWOORD.
La ressemblance avec le duo Sud-Africain se fait flagrante au début de Tyler Hadley, avec la voix haut perchée de Skynd, avant que des guitares agressives ne donnent une tonalité metal industriel au morceau. Là où SKYND aurait pu céder à la facilité en parlant de serial killers "vedettes" déjà lessivés mille fois par la musique ou le cinéma, le duo pioche plutôt dans des faits divers moins célèbres et plus récents, comme cette histoire d'ado qui a organisé une grosse fête chez lui juste après avoir massacré ses parents à coups de marteau. Le morceau est effectivement festif et malsain, toujours aussi accrocheur.
Katherine Knight est par contre moins fun. L'histoire est celle d'une femme qui a dépecé son mari puis en a ensuite cuisiné des morceaux pour les donner à manger à ses enfants. Tourné comme une histoire d'amour, le titre joue de nouveau encore sur les deux voix du duo, entre théâtralité et romantisme détourné. Après une première partie assez lente et minimaliste, les choses s'emballent pour un final apocalyptique avec le retour de la guitare et des percussions qui ajoutent à l'intensité alors que Skynd, elle, s'amuse à singer Whitney Houston avec son "I will always love you" aussi menaçant que mélancolique.
La recette n'a pas été bouleversée depuis Chapter I, bien que le son soit parfois légèrement plus organique (la conséquence des débuts récents sur scène du groupe ?), et le concept reste le même. La noirceur de l'univers crée un contraste assez amusant avec la musique bling-bling, faite pour être écoutée à un volume élevé. SKYND est là pour vous faire danser, headbanger et frissonner. C'est tordu et ludique à la fois, ne serait-ce que pour le temps qu'une curiosité malsaine nous pousse à passer sur wikipedia après chaque morceau. Maintenant, on espère que SKYND réussira à nous surprendre un peu plus à l'avenir, au risque que la hype ne finisse par s'essouffler.