Brant Showers, également actif dans BESTIAL MOUTHS, continue de faire grandir son projet SØLVE et sort enfin une suite à son premier album, The Negative, paru via l'indispensable label audiotrauma et réédité par Re:Mission Entertainment, nouvelle maison de l'artiste. Avec Earth Inferno, il annonce une orientation plus vulnérable et intime, mais aussi plus inconfortable, difficile et brute qui parle d'amour et de perte dans un contexte spirituel.
Effectivement, dès ses premières secondes l'album marque une évolution chez l'artiste. Si son goût pour l'électronique sinistre est toujours là (les influenceswitch-house sont flagrantes, par exemple dans la version "mise à jour" de Washed in Blood), il s'éloigne des expérimentations ambient / noise pour embrasser pleinement un son plus ample et théâtral, où les mélodies sont plus marquées. Le chant est lui aussi plus présent, insufflant l'humanité et la chaleur nécessaire à Earth Inferno pour créer une connection avec l'auditeur. On reconnaît néanmoins avec plaisir son goût pour les ambiances mystérieuses ésotérique (SØLVE a, forcément, quelque chose d'alchimique) et les rythmiques industrielles puissantes, flirtant parfois ouvertement avec le metal industriel (Release et ses riffs). Le résultat est en enchaînement de titres conquérants et séduisants aux refrains entêtants (Never Enough, Nothing Pure et son opressante rythmique EBM tout en urgence) et parfois très cinématographique grâce à des mélodies chargées d'émotion et des percussions à l'intensité dramatique forte, dès l'intro Lampblack. Dans son parfum spirituel et mystique et sa pesanteur gothique solennelle, mais aussi une approche presque pop (chaque titre accroche l'oreille facilement) SØLVE rappelle étrangement TIAMAT de la fin des années 90 / début 20000 qui aurait écouté PROJECT PITCHFORK et troqué les guitares contre des synthés pour embrasser une orientation electro / indus : c'est sombre, puissant et très élégant, avec ce qu'il faut d'hymnes mélancoliques (Written in Stars, Black Silk Stone), d'agressivité (Lost in the Dark, Harm//Heal) et d'aérations atmosphériques plus proches des débuts (Four Sword).
SØLVE a tenu promesse : Earth Inferno est effectivement un album plus vulnérable et intime, grâce à des mélodies et un chant qui nous touchent immédiatement. On en apprécie tout particulièrement la noirceur et l'efficacité, aussi bien dans les émotions que la musique. SØLVE a pris le temps de mûrir et a approfondi ce qui fonctionnait déjà très bien pour nous offrir un très beau cauchemar, sans faiblesse ni temps mort.