Prenons Alcyon dans sa signification mythologique : un oiseau sacré au chant plaintif, dans le cas de Solventis, il s'agit d'une vision angélique du passé où la nature et les humains communiaient dans une proximité de confiance, de bienveillance.
Prenons le dark folk dans toutes ses variations : musique sous sédatifs pour une certaine frange du public, mais ce qualificatif est étayé de multiples ramifications. Pour se repérer au milieu de cette nébuleuse, on peut parler de plusieurs écoles. Une sorte de Ars Nova, un retour aux sonorités acoustiques, éthérées et derrière une philosophie interprétable à l'infini. Peuplant les arrières mondes, ces troubadours des temps modernes ne célèbrent pas seulement Mère Nature, mais ont pour thématique une analyse introspective de l'âme.
Un premier LP, Of Dusk and Dawns, tout droit sorti des plaines environnantes de Toulouse, annonçait les intentions du groupe, encore balbutiantes. Mais c'est avec ce second album que Solventis a trouvé sa voie, plus affirmée et plus aboutie, avec la mise en avant de textes en français. La compréhension est telle que l'on parvient à visualiser dans Toutes Les Lumières, les métaphores que Sophie Peyre alias Sol exprime au travers d'un chant séraphin, une pellicule que Melody Morana imprime et développe dans une cartographie au reliefs et aux nuances bleutées, un crépuscule nimbé d'un voile blanchâtre, censé protéger de la lumière. Certes, il faut se réhabituer à la langue française, Primevère est peut-être le titre le mieux adapté. Il manque cependant une profondeur qui caractérise Solventis en dehors de la sphère New-Age.
Le mantra Om Namo Narayana autrefois revisité par les Allemands de Between en 1974, est ici réinterprété acapella, avant que Burns prenne son envol vocal. Rain Birds n'est pas loin du dark folk, la dimension spirituelle reliée à la nature est omniprésente, paysages, rêves et expansions de l'âme. Le disque se termine avec Rifts semé d'effets guitare, reverb, tremolo qui apportent quelques variations tonales avant qu'une rythmique vaguement trip-hop émerge. Solventis devrait creuser dans un champ plus personnel pour en faire remonter une noirceur qui est ici suggérée mais jamais explicite.