3 ans après son premier album éponyme, SOVEREIGN revient avec son djent spatial souvent catégorisé comme bande originale de Mass Effect ou Metroid, voire comparé à un SYBREED à juste titre. Dans ce projet purement instrumental, le suisse Jorge Paula Pinheiro est arrivé à se démarquer de cette masse de metal dit moderne, où de nombreux one-man-bands émergent sans parvenir à offrir un résultat convainquant. Ici, SOVEREIGN prend le temps avec Harbinger comme sophomore de produire encore une fois un album surpassant ceux de ses confrères.
En règle générale, le cyber metal se prête bien au style du djent pour son aspect moderne et "lisse". La difficulté réside en sa maîtrise pour effacer cet aspect aseptisé dans lequel de nombreux groupes restent coincés. Sur Harbinger, on retrouve cette maîtrise déjà présente dans le premier album, l'expérience en plus. Bref, contrairement à ce qu'annonce le titre d'ouverture Into the Unknow c'est le son auquel nous avait habitué SOVEREIGN qui nous est resservi ici. Le titre Embrace Change, qui porte bien son nom, nous envoie une chanson bien plus mélodique avec un clavier accompagné d'effets typiques du cyber metal. Mais la métamorphose intervient surtout avec l'implantation de dark electro pour son final ! Bien que déroutante au premier abord, la transition se fait toutefois en douceur et l'on bascule d'un genre à l'autre avec une habileté certaine.
Un autre fondement du cyber metal se base essentiellement sur la maîtrise du clavier. Là où SOVEREIGN va plus loin, c'est qu'il en transcende le rôle. Synthetic Soul s'articule sur une mélodie robotique modifiée ensuite à volonté selon les multiples riffs du titre. La très kitsch intro de The Explorer nous plonge dans l'âge d'or de la science fiction aux vaisseaux spatiaux rétros avant d'être reprise ensuite par la guitare comme riff principal. Le synthé plus technique de The Fall prend, lui, la place de la guitare solo en subtilisant son rôle et se révèle bluffant, pour un résultat propre et efficace.
Côté tube, S.O.M.A. oppose rythmique frénétique et nerveuse avec mélodie lente et posée. Sous l'emprise de la drogue d'Aldous Huxley, notre cœur bat à cent à l'heure sur des riffs de black metal pendant que notre esprit va au ralenti. La descente intervient ensuite avec une percussion plus électronique orienté sur un breakcore calme. Le titre phare de l'album est sans aucun doute Sugoi! et son cyber metal extrêmement nerveux où tout s'enchaîne sans pause, avec des transitions tantôt avec un effet boguées tantôt inexistantes, mais dont les changements de rythmes restent fluides sans entraver l'ensemble.
SOVEREIGN se conforte dans son écriture avec Harbinger mais se permet également quelques expériences électroniques plutôt réussies mais cependant trop brèves. Peut-être est-ce par peur de trop s'éloigner du son d'origine, mais l'album aurait gagné en puissance en exploitant plus en profondeur les passages sus-cités sur Embrace Change et Synthetic Soul.
PS : Petit clin d'œil à Dungeon of the Endless avec Disorder ?