Juillet 2020, STATIC-X sort un nouvel album, six ans après la mort de son frontman Wayne Static et alors que le groupe s'était séparé au début des années 2010. On doit cette surprise au bassiste Tony Campos et à sa découverte de parties de chant enregistrées par Wayne avant sa mort. Il y en aurait tellement que cela donnera même un deuxième album. De quoi oublier les conflits entre les deux hommes ayant mené à la fin du groupe à l'époque et se plonger avec curiosité dans ce Project Regeneration Vol. 1 qui réunit le line-up de Wisconsin Death Trip, deux décennies plus tard.
Des groupes qui ont continué après la mort de leur chanteur, il y en a. Certains ont même su se renouveler et trouver un second souffle presque miraculeux (ALICE IN CHAINS, par exemple). Pas sûr que l'on puisse parler de renouveau ici, tant ce retour aux affaires de STATIC-X sent la nostalgie tout au long de ses douze titres. Chant criard, riffs épileptiques, et même un titre qui évoque Otsego (ville du Michigan où Wayne a fait ses études sous une fausse identité et qu'il a trouvé tellement déprimante qu'il y dédiait une chanson à chaque album) : ce premier volume de Project Regeneration nous replonge à cette époque où tous les clips ressemblaient à des parodies de Matrix (ou était-ce l'inverse ?) ou à des pubs pour du gel cheveux. On a le droit d'apprécier de s'y glisser, alors même qu'à cette époque, cette arrière-goût de mauvaise bière ne nous séduisait pas plus que ça.
Les fans de STATIC-X y trouveront tout ce qu'ils aimaient. Ce mélange agressif et qui dépote entre neo-metal et metal indus grand public, croisement entre ROB ZOMBIE et KORN (le chant de Wayne rappelle souvent celui de Jonathan Davis). On met d'ailleurs au défi quiconque de pouvoir nous dire avec assurance quelle partie a été ajoutée et est chantée par ce nouveau chanteur mystérieux, Xer0, qui joue derrière un masque de Wayne et dont on ne connaît pas l'identité (mais tout le monde sait que c'est Edsel de DOPE). Project Regeneration Vol. 1 envoie (Terminator Oscillator, Otsego Placebo), on en apprécie l'énergie folle qui confère à l'hystérie, mais surtout, plus que tout, on est ravis de tomber sur un truc aussi assumé. Dans ses parties electro, dans ses moments plus mélodiques et quasi pop, STATIC-X y va à fond et ne renie ni son envie de taper fort ni celle de faire danser son public. Le refrain irrésistible de Worth Dying For ou Bring You Down sont de bons exemples de ce STATIC-X décomplexé et confiant en son groove imparable, au futurisme presque anachronique aujourd'hui. C'est à sa toute fin que l'album nous cueille par surprise une dernière fois en ralentissant brutalement le rythme avec Dead Souls, morceau plus lourd où Al Jourgensen de MINISTRY (avec qui Tony Campos a beaucoup tourné ces dernières années) vient faire un coucou discret, sa voix se prêtant parfaitement à cette ambiance plus crépusculaire.
Est-ce que Project Regeneration méritait deux albums ? L'avenir nous le dira. Si on le prend comme un album en tant que tel, un volume se suffit à lui-même : c'est assez jouissif et nostalgique, l'hommage est réussi et fidèle. STATIC-X s'y montre paradoxalement au sommet de son art mais la nature même du projet interdit toute révolution, tout renouveau. Dans ces conditions, gare à la saturation : un des ingrédients du succès de ce premier volume est son attente, sa rareté, le fait qu'on ne pensait jamais entendre à nouveau Wayne chanter de nouvelles choses avec sa formation culte.