Avec Fade Kainer, il faut s'accrocher si l'on veut suivre le rythme. Particulièrement prolifique, l'artiste sort presque un album par an depuis maintenant huit ans. Alors qu'on ne s'était pas tout à fait remis du cauchemardesque Asphyxia sorti l'an dernier, STATIQBLOOM est déjà de retour avec Beneath the Whelm. On inspire un grand coup, conscient que les choses vont rapidement devenir irrespirables, et on plonge...
... Et là, c'est la surprise. Alors que l'on s'attendait à retrouver ce mélange d'EBM et d'indus psychédélique, déconstruit et acide évoquant SKINNY PUPPY sous stéroïdes, STATIQBLOOM nous cueille avec des morceaux atmosphériques, l'intro Playing its Blades puis Alcestis. Chant d'outre-tombe distordu et presque fantomatique, tempo plutôt lent : on était habitué à plus percutant et hargneux.
On apprécie toujours les nappes ambiantes et l'ambiance poisseuse qui se dégage des compositions, plus mélancoliques qu'hallucinées alors que Beneath the Whelm ne dégage pas la même angoisse frénétique que les travaux passés de Kainer. Les gargouillis possédés d'Attila Csihar (MAYHEM, SUNN O)))) apportent une touche démoniaque à une rythmique répétitive et minimaliste sur la très froide The Second Coming, et quelques beats cognent plus fort que d'autres (Black Lava) mais la traversée de Beneath the Whelm s'avère finalement bien moins houleuse que prévu. On apprécie la mélancolie qui se dégage de Buried ou Ghost Deep, dont la froide noirceur et les fantômes nous évoquent plus un croisement entre ICE AGES et :WUMPSCUT: que les habituelles références indus / EBM old-school.
Beneath the Whelm n'est pas la claque que l'on attendait. Mais une gifle que l'on attend peut-elle vraiment nous secouer ? Plutôt que de recevoir en pleine face l'album, on s'y noie lentement. STATIQBLOOM est moins oppressant, moins étouffant et met plus encore que d'habitude l'accent sur les atmosphères, avec succès, plutôt que les crises de panique. Il faudra donc faire le deuil des rythmiques psychédéliques et énergiques pour apprécier pleinement cette nouvelle plongée glaçante dans la psychée torturée de Kainer. Beneath the Whelm mérite au moins ce petit effort.