SYLVAINE est de retour avec un quatrième album qui sort après une période de chaos mondial pendant laquelle Kathrine Shepard s'est retrouvée isolée pour écrire Nova. L'artiste multi-instrumentiste, seule capitaine à bord de son vaisseau, explique que le titre de l'album renvoie à l'idée de mue, d'une peau neuve, une idée qu'il faut prendre plus à un niveau personnel que musical, le post-metal introspectif de SYLVAINE, alternant entre chaos et sérénité, n'a rien perdu de son équilibre.
Shepard a beau expliquer que le nom de son projet renvoie à Paul Verlaine, le Sylvaine est aussi un papillon. Délicatesse, poésie, chrysalide, renouveau : l'essence de Nova, déjà, s'y devine. C'est d'ailleurs avec sa voix presque seule que la musicienne lance son album sur le morceau-titre. Pas de guitares, pas de distorsion, un accompagnement discret. La voix, expression de l'âme et de l'humanité, est ici à nue, renvoyant à l'artwork signé Andy Julia, pour mieux marquer la vulnérabilité et la renaissance de l'artiste.
Le romantisme, c'est bien. L'univers merveilleux, éthéré et magique que tisse soigneusement SYLVAINE, aussi. Mais le romantisme, c'est aussi la tempête, les tourments, le spleen, la fougue et Mono No Aware apporte l'orage en accélérant le tempo et en puisant une touche d'agressivité dans le black metal. Des secousses, des accalmies, du relief : un souffle épique doux-amer parcourt le morceau et s'étend sur les errances mélancoliques de Nowhere, Still Somewhere aux accents à la fois aventureux et intimes. La notion de voyage est importante chez SYLVAINE : il y a celui qui se fait à l'intérieur, au fil de l'écoute, mais aussi celui qu'évoque la musique (les cordes qui concluent Everything Must Come to an End soulignent d'ailleurs la fin de l'épopée), Shepard s'inspirant notamment de Tolkien avec délicatesse, ce qui est flagrant sur Fortapt, nouveau numéro d'équilibre entre pulsions conquérantes et tendances à la discrétion, la réserve. Nova est un album aux compositions riches et au chant poignant, qu'il soit limpide ou saturé par la rage et le désespoir (I Close my Eyes So I Can See, cathartique avec son final en apothéose).
Tout était là, dès l'artwork, dès le nom. Délicatesse, nécessité d'avancer et de laisser derrière son ancienne peau, vulnérabilité, sincérité, équilibre et romantisme. Ce nouvel album de SYLVAINE est un cocon intimiste de mélancolie, d'angoisses, de souffrance, mais aussi de beauté, d'émerveillement et de courage.