Chez SYSTEM 6, on ne lambine pas. Les EPs se suivent à un rythme que rien ne semble enrayer et l'album Invisible Enemies a tout juste un an. Blake Attebury est une machine tenant seul la barre de son projet, qui devient quatuor quand il faut donner vie sur scène à son travail, et le Texan est de retour avec une nouvelle fournée de son metal industriel démoniaque.
Non, décidément, SYSTEM 6 ne lambine pas, malgré une introduction que l'on pourrait comparer aux lumières s'éteignant dans une salle de cinéma : on ne la remarque pas, elle ne nous surprend pas, mais c'est un signal qui dit "attention, ça va commencer". Et en effet, ça commence. Le morceau-titre nous rentre dans le lard avec son rythme rapide et impitoyable aux allures de tabassage mécanique, et jamais Gnosis ne prend le chemin du compromis, ne laissant plus filtrer ni oxygène ni lumière comme pouvait le faire occasionnellement Invisible Ennemies. Quand la cadence ralentit, c'est pour mieux installer un sentiment de menace (Antipathy) ou mieux faire exploser les refrains ($alvation). Attebury s'y donne à cœur joie avec ses chuchotements flippants, ses grognements possédés, ses petits incursions aux frontières du black metal côté chant et les différents effets déshumanisant sa voix, plantant un univers cyberpunk sombre et mystique. On pense à une version satanique de 3TEETH en bien plus sale, notamment quand les riffs s'alourdissent comme sur Devolved, dont les couplets hantés mettent en avant un autre point fort de Gnosis : ses nappes anxiogènes. Avec sa faible durée (on est en dessous d'une demi-heure), Gnosis n'a pas le temps de lasser. Avec ses quelques transitions, il ne compte finalement qu'une poignée de titres, tous relativement courts, ce qui lui permet d'éviter les redites et de rester efficace de bout en bout, nous laissant sur les nappes sinistres de l'atmosphérique The Curse, aux airs de rituel démoniaque post-apocalyptique : c'est simple, mais l'effet est garanti et l'ambiance délicieusement flippante.
Avec Gnosis, SYSTEM 6 ne réinvente peut-être pas le genre mais approfondit son univers cyberpunk lugubre, violent et possédé en creusant toujours plus profond vers l'abîme. Attebury sait cogner fort et nous faire frissonner, son mélange entre angoisses futuristes et peurs ésotériques fonctionne du tonnerre et lui garantit une place bien au froid dans nos cœurs, là où il fait le plus noir.