Chouette année pour les amateurs de Tardigrade Inferno : après l'EP Arrival of A Train au printemps, le groupe d'origine russe sort son deuxième album, Burn the Circus, composé uniquement de titres inédits, soit une double fournée de folie à se mettre dans les oreilles ! Des tardigrades, un cirque, du feu : l'univers n'a pas changé, nous rassure l'artwork, et s'annonce toujours aussi jouissif, dérangé et gentiment macabre. Alors laissons-donc le cirque brûler. Foutons au feu les cages, que le maquillage des clowns dégouline pour révéler leurs névroses, que les freaks s'échappent pour enfin savourer la lumière de la lune et se balader librement parmi nous. Ce fichu chapiteau est tombé, le monde entier est désormais un cirque !
Point de révolution en vue : Tardigrade Inferno attaque à toute berzingue avec Ringmaster Has to Die et les différents ingrédients se mettent en place. Un chant théâtral, des guitares au groove irrésistible, des mélodies héritées du cirque, un rythme qui échappe à tout contrôle... C'est toujours aussi fun et accessible, chaque morceau est un modèle d'efficacité grâce à cet univers de cirque monstrueux mais aussi aux émotions présentes dans le chant très expressif de Darya Pavlovich, Madame Loyal tantôt touchante, tantôt inquiétante. C'est d'ailleurs quand le sourire se crispe, que les clowns se font plus tristes ou menaçants et que le rythme ralentit que Tardigrade Inferno nous séduit le plus. Avec les années, le groupe s'est risqué occasionnellement à assombrir son tableau le temps de morceaux plus lents ou plus sinistres, où l'ironie devient plus mordante et amère. Ainsi, les humeurs plus mélancoliques et boudeuses se démarquent tout particulièrement (Cholera, Wearing White).
Il est toujours aussi difficile de résister à Tardigrade Inferno, des rugissements de Clockword God à l'obsédante Tick-Tock, de la lourdeur lugubre de Little Princess à l'humour morbide et cartoonesque de Nailed to the Ferris Wheel, Tardigrade Inferno nous secoue dans tous les sens jusqu'au crépusculaire morceau-titre aux airs de final de comédie musicale. On pense à Danny Elfman, aux Stolen Babies, à Bad Tripes, ou même aux Dresden Dolls qui auraient rencontré System of a Down... Et si le groupe ne propose rien de vraiment neuf avec cet album, le plaisir est toujours aussi immédiat et la popotte continue de se bonifier. Burn the Circus est aussi jubilatoire qu'addictif et tant que Tardigrade Inferno sera aussi unique, le sentiment de fraîcheur perdurera.