Après avoir offert à son troisième album Brute Force deux excellentes extensions - comprendre deux EP de remixs - et avoir fait une incursion du côté de la synthwave avec son side project BOUCLE INFINIE, Rémi Gallego alias THE ALGORITHM revient aux commandes de son projet phare pour nous présenter son quatrième album studio, Compiler Optimization Techniques. Une oeuvre décrite comme plus personnelle selon les dires de son auteur. Il y aurait donc un coeur humain qui bat sous la machine ?
Cinq titres seulement, cela peut paraître bien peu pour un album, mais étant donné qu'ils dépassent tous les 6 minutes on devrait quand même avoir de quoi se mettre sous la dent. Avec une tracklist si modeste, autant taper fort d'emblée et c'est ce que fait à merveille Cluster qui nous ramène très vite dans l'univers de THE ALGORITHM : gros riffs de guitare couplés à des arpèges electros et un beat destructuré façon metalcore, ça tabasse, les retrouvailles commencent bien. Pourtant, tout cela sonne rapidement trop propre, trop lisse par rapport à ce que nous avait habitué le touche-à-tout français, et malgré quelques passages glitchés qui viennent casser la routine, on aurait attendu plus de folie sur un morceau aussi long. C'est d'ailleurs le constat global qui se dessine au fur et à mesure de l'écoute de ce nouvel opus : malgré un mixage toujours aussi efficace, malgré que chaque morceau dispose de ce qu'il faut pour nous décrocher la nuque, on perd ce soupçon de surprise, d'inattendu qui nous faisait penser que notre ordinateur bugguait ou que le CD était rayé, ce côté décalé et un peu "What the fuck" qui faisait la force des compositions de THE ALGORITHM. Alors non, Compiler Optimization Techniques n'est pas décevant, loin de là, il est simplement différent, plus carré, plus mature.
« Quand j’ai commencé à créer THE ALGORITHM, une de mes premières idées d’album a toujours été de mettre en musique mon propre parcours, mon propre développement personnel, au travers d’un ensemble de pièces complexes qui, emboitées ensemble, représenteraient qui je suis. [...] Compiler Optimization Techniques est la poursuite de cette idée, avec les années, l’expérience et la maturité qui ont affinés son exécution. »
Rémi Gallego serait-il finalement moins dérangé que ce qu'on aurait cru ? Quoiqu'il en soit, il n'est pas question de bouder cette nouvelle sortie qui apporte son lot de bons moments. On aime les allures de B.O. de jeu vidéo et le final tout en puissance de Fragmentation ou le metal/synthwave de Superscalar. Binary Space est quant à elle plus proche de ce qu'on avait l'habitude d'entendre et mélange habilement des ambiances diverses, tantôt death metal, synthwave ou même psytrance. La fusion des genres a toujours été un grand atout de THE ALGORITHM et on retrouve ici toute l'expression de ce savoir-faire. Pour finir notre bref mais intense voyage musical, on replonge dans le metal teinté de synthwave avec Sentinel Node (sûrement des restes de BOUCLE INFINIE qui traînent) qui sonnerait presque comme une suite du titre hex issu du précédent album.
Moins barré que ces prédécesseurs, ce nouvel album dévoile un aspect plus mélodique, plus profond et plus mature de la musique de Rémi Gallego, délaissant les effets de glitchs et les expérimentations au profit de structures plus progressives, linéaires, mais jamais ennuyantes. On est davantage en présence d'un album de metal mélodique aux sonorités synthwave que d'un patchwork de sonorités empruntées ici et là comme c'était le cas auparavant. L'empreinte de THE ALGORITHM reste cependant bien présente et cette nouvelle sortie s'inscrit comme une évolution de la musique du groupe, une version 2.0 en somme, à apprecier sans modération.