Tic-tac, tic-tac : contrairement au lapin dans Alice au Pays des Merveilles, THE BIRTHDAY MASSACRE n'est pas en retard pour sa traditionnelle livraison bisannuelle (à la louche). Fascination succède donc à Diamonds (2020, chronique) et l'univers, lui, est d'emblée familier : teintes mauves et ambiance féérique empruntant à Lewis Caroll, sans négliger en route quelques zones d'ombre.
Dès le morceau-titre, Fascination caresse l'auditeur dans le sens du poil. Il y a quelque chose de réconfortant dans ce son accessible, agréable, dans la nostalgie douce-amère qui s'en dégage, dans cette recette respectée. La mélancolie domine ce début, laissant même quelques éclats de guitare alourdir brièvement le son. C'est d'ailleurs comme cela qu'on préfère THE BIRTHDAY MASSACRE, quand ses tubes mélangeant rock et synthpop semblant tout droit sortis d'un générique de fin des années 80 se teintent de noirceur (Like Fear Like Love - on pense forcément à KILLING JOKE - a des airs d'hymne conquérant qui flirtent avec le kitsch). Avec Fascination, on est servis : sans renouer avec l'agressivité d'Under the Spell, l'album s'oriente fréquemment vers des contrées plus intimistes et contemplatives (Cold Lights, One More Time) et l'on retrouve avec plaisir des guitares plus âpres et un peu de pesanteur (Stars and Satellites, Once Again, Precious Hearts) qui donnent à la guimauve servant de liant un arrière-goût amer bienvenue. Les lignes de chant de Chibi, d'une fluidité apaisante, fonctionnent comme autant de rengaines que l'on ne peut esquiver, immédiatement familières, et THE BIRTHDAY MASSACRE ne s'égare finalement jamais trop loin de son chemin ombragé (Dreams of You, c'est peut être trop de glucose pour notre organisme). En achevant l'album sur The End of All Stories, le groupe semble apporter une conclusion mélancolique à sa récente reprise de The Neverending Stories et appuie cette impression globale de désillusion : comme si, avec Fascination, le groupe illustrait un passage à la vie adulte, une rupture, quand un charme cesse d'opérer et que l'on retrouve le monde réel, terne et froid.
THE BIRTHDAY MASSACRE prouve, album après album, que quand une formule est efficace, il n'est pas nécessaire de la chambouler. Douzième album et, pourrait-on dire, douzième album de statu quo pour THE BIRTHDAY MASSACRE qui continue de tirer des cordes universelles avec savoir-faire. Fascination s'oriente cependant vers un terrain plus introspectif, plus personnel. La nostalgie et le désenchantement dominent un peu plus l'ensemble, et c'est tant mieux.