Il va être assez compliqué de décrire l’artiste dont il est question. A part qu’il a à son actif trois albums sur son bandcamp et que son soundcloud est bien fourni, il n’y a aucune information concernant le pays d’origine ou le nom qui se cache derrière Thrall ☽ et ce n’est pas le « aggggghhhhhhhhaggggghhhh… » en description du soundcloud qui va nous aider à y voir plus clair. C’est donc à l’album Pẳeoniå⸫✴∛⅓⁖♍ ·◦○❣ que l’on va s’intéresser.
On va très vite pouvoir ranger cet album du côté des expérimentations ultraviolentes de SADWRIST ou de Bazilisk et ce dès le Lustrum ouvrant celui-ci, morceau mélancolique aux sonorités excessivement fortes et saturée que la mélancolie ici s’écoute avec du verre pilé dans la bouche. Font suite à cette intro des morceaux très proche de ce que peut faire SADWRIST, en moins violent et plus mélodique, comme en témoigne Crimson Throne, my heart is blackened by the sun, ou encore ♟♙ les jeux du démon.↉ qui lorgne abondement sur le noise sur sa fin. Ici, on fait tout saturer, une sorte d’automutilation musicale, agressive par sa production, apaisante par ses mélodies.
Cet album nous abreuve également de quelques hymnes technoïdes moins percussifs mais plus énergiques et dansants que les morceaux précédemment cités. On pense notamment au très rave ⋆✮‚ Ⱡ,⍣⍣‘ꟿ ‘~777~ ✮⋆ teinté d’une magnifique mélancolie sur sa deuxième moitié, à PALE qui n’est pas sans rappeler GOTH de Sidewalks And Skeletons, mais en plus mélodique et saturé, mais qui devrait s’avérer tout aussi efficace sur un dancefloor. Plus lent, et calme, හරිත දුම්; ( ( ( მოგზაურობა ) ) ); ✳ s’avère tout aussi intéressant au rayon des morceaux à rythmiques linéaires, remplissant totalement son rôle de temps mort au niveau de cette violence avant d’exploser dans sa deuxième moitié.
Au-delà de ces morceaux, certaines bizarreries demeurent inclassables tant elles combinent de genres musicaux. Par exemple r o o m se construit autour d’un breakbeat incisif avant d’évoluer vers quelque chose de beaucoup plus metal. Également, le rendu de BLØØDVEIL demeure assez indescriptible même après plusieurs écoutes, construit comme un morceau dubstep/EDM, mais n’ayant strictement rien à voir dans ses sonorités et son impact. Bien que d’apparence plus conventionnelle, c’est dans sa musicalité que ⋆ ✪ ⋆ ຄົນຕາຍສາມາດບິນໄປໄດ້ ⋆ ✪ ⋆ apparait comme une surprise, alternant différentes mélodies aux influences très variées, en résulte un morceau compliqué à suivre, mais de fait, patchwork très intéressant.
Parmi les morceaux marquants on retiendra également le magnifique interlude ambient Sleep Forever (Ἠπιόνη ·◦○❣), mais aussi le diptyque Pẳeoniå ✴ / where swans will weep ☪. L’un servant d’introduction synthétique au second qui se révèle être un parfait dosage de glitch hop, de witch house et de noise et l’un des morceaux les plus efficaces de l’album. Le final, ❇,‘☽.☆:*´✧ ‘⚚, ✧`*:.☆.☾’,❇, nous abreuve d’un dernier instant mélancolie, plus positive cette fois, avant d’assener un coup de grâce euphorique bruitesque, comme une manière de célébrer une joie dissimulée jusque-là, ou la sortie du tunnel.
Pẳeoniå⸫✴∛⅓⁖♍ ·◦○❣ est un album qui devrait en rebuter plus d’un à la première écoute, mais qui se nourrit d’une diversité et d’un fourmillement d’idées que peu d’artistes de cette scène se permettent d'étaler sur une durée si longue. On peut parler en parallèle d’un réel courant musical qui est en train d’émerger en marge de la witch house plus conventionnelle, un courant plus violent, plus mélancolique, plein d’énergie qu’il faudra suivre probablement de très près d’ici les prochains mois.