Vous détestiez UNDERCOVER SLUT ? Alors vous allez haïr UCS, car c'est désormais le nom qu'il faut donner aux frasques de O, controversé meneur d'une barque à l'histoire houleuse, faite de longues absences, de bouleversements de line-up et d'improbable passage télévisuel. Nous, mauvaises langues ? Du tout, c'est UCS en personne qui le dit : Haters Gonna Hate the New UCS.
Mais alors, que s'est-il passé ? UNDERCOVER SLUT s'était rapidement fait remarquer avec Communism is Fascism avant d'approfondir son style sur Amerikkka Macht Frei, deux albums sortis dans la seconde partie des années 2000. Et depuis, le silence. On retrouvait de temps à autres O entouré de quelques musiciens, comme en première partie des MURDERDOLLS, de WEDNESDAY 13, des 69 EYES ou de GIRUGAMESH mais niveau sorties c'était le calme plat. Ce comeback, longtemps annoncé et souvent repoussé, a donc mis le temps. O n'a pas une réputation facile, et il est probable que le bonhomme se soit d'ailleurs sabordé lui-même plusieurs fois au cours de sa carrière. Pourtant, tel un phénix fait de plumes noires et aux sinistres croassements, le-groupe-dont-on-ne-doit-plus-prononcer-le-nom est de retour.
On retrouve dans ce troisième album plusieurs titres qu'UCS avait diffusé ces dernières années. C'est le cas de Laughing Like Hyenas, qui lance l'album dans laquelle O semble régler ses comptes avec ses détracteurs, nous crachant ses rengaines faites de miaulements nasillards au visage. UCS cogne, minaude puis crache avec dédain et si des guitares agressives épaississent le refrain, la mutation est frappante. Le son s'est modernisé et au metal industriel des débuts se sont ajoutées des influences hip-hop, trap et dubstep. Aucun doute : les détesteurs vont carrément détester. Pourtant, après avoir pris les précautions d'usage (écrire sous un pseudonyme, vérifier que personne ne nous regarde), il faut bien l'avouer : ça fonctionne, et ce côté sale gosse, outsider auquel on ne croyait plus, vulgaire et méchant, a quelque chose de jouissif.
Il est impossible de ne pas être agacé par UCS et ses postures outrancières, le côté too-much de son premier degré apparent, ses provocations habituelles. Et pourtant, il faut bien admettre que ce nouvel album est fascinant, de loin le plus varié et surprenant de l'entité. Surtout, avec son attitude agressive et sa voix ouvertement désagréable, O réussit une chose devenue très rare : donner à son travail une véritable odeur de souffre, un côté malsain dégueulasse et vraiment méchant au-delà des habituelles postures récupérées à gauche et à droite. iNULST to iNJURY, ses riffs poisseux et son texte déclamé ou la trap glauque de Dance Dirt sont particulièrement sinistres, tout comme Black Philipp sur laquelle O s'approprie les chuchotements du bouc le plus flippant du cinéma. Vous détestez UCS, mais UCS vous le rend bien et ce rapport tumultueux entre le groupe, son public et la scène dont il est issu apporte une tension palpable à l'album.
Haters Gonna Hate the New UCS ne ment pas, ne triche pas. Sa sortie est déjà un acte kamikaze en soit venant d'un artiste aux nombreux ennemis et que beaucoup avaient oublié : non, UCS ne s'est pas calmé et les réactions seront épidermiques. Pourtant, avec sa refonte stylistique, la musique d'UCS n'a jamais été aussi excitante. En embrassant pleinement ce rôle de vilain petit canard, cet aspect bling-bling malsain, cette noirceur cradingue et grâce à une production bien meilleure qu'avant, le groupe s'affranchit d'étiquettes et de limites, laissant libre cours à ses pulsions pour dégueuler allègrement au visage du bon goût, s'amusant des mines outrées de ses haters. Ne pas savoir sur quel pied danser, ne pas savoir si l'on doit danser : ça fait du bien d'être déstabilisé.