Projet connexe de Vindsval et de W.D. Feld, connus principalement pour leur travail au sein de BLUT AUS NORD, le duo nous sert avec YERÛŠELEM un black metal orientée cette fois-ci vers la scène industrielle, dont l'ensemble rappelle fortement les prémices de la scène metal industriel avec ses éléments post-punk et shoegaze.
C'est sur The Sublime, l'une des pistes les plus longues de l'album, que celui-ci démarre. Elle fait office d'introduction et annonce relativement bien l'ambiance générale dont va nous proposer l'album éponyme. On retrouve dès les premières secondes cette atmosphère old school de metal industriel : percussions lourdes, renforcées par une basse mise en avant, le tout sur fond de guitare hyper-saturée, porté par un rythme lent, mécanique et écrasant. Mais c'est surtout avec Autoimmunity que les parpaings vont vraiment commencer à tomber et apporter cette ambiance singulière sur le tout le reste de l'album, qui défilera autour de celle-ci où s'articuleront différentes structures.
D'une manière générale l'on retrouve ces ambiances au son froid et mécanique, sur un chant presque éthéré où résonnent métalliquement divers effets manufacturés. Les passages chantés, bien qu'épars, sont davantage utilisés comme complément aux effets sonores qu'à titre lyrique, renforçant au passage l'aspect frigide de l'effet rendu. La composition est donc essentiellement axée sur l'atmosphère et ce n'est donc pas du côté de MINISTRY ou AND OCEAN… et leurs riffs énergiques qu'il faudra se ranger, mais bel et bien vers d'autres formations plus aériennes à l'instar d'un JESU moins saturé ou d'un digne descendant de GODFLESH.
Pour certaines pistes, l'accent sera mis sur les percussions avec notamment Joyless et ses résonances directement produites du fin fond d'une fonderie, ou encore Triiiunity qui pousse l'emphase encore plus loin. Tout en conservant la même structure musicale, on est plongé dans une rythmique cyclique à l'image d'une chaîne de production, à l'instar des compositions d'UNITUS. Pour d'autres, ce seront les cordes qui seront mises en avant, mais toujours avec une rythmique en tête de file. Babel se laisse porter par la basse, amenant avec elle l'ensemble des instruments suivi par le chant clair de Vindsval qui clos la marche.
Bien que ce soit GODFLESH qui soit le plus souvent cité à titre de comparaison, ce sont plutôt d'autres formations, plus mineures, qui viennent ressurgir. Peuvent être cités, entre autres, DEAD WORLD qui devient assez flagrant sur Babel, vis-à-vis de l'ambiance générale et des drones utilisés ; ou encore GIGANDHI, notamment avec Eternal pour le côté mélodique qui remonte, à titre personnel, en terme d'influence. La chronique prend certes une tournure plus subjective et bien que je m'efforce de rester critique et objectif, je retrouve le son de deux de mes groupes favoris en matière de metal industriel dans ce groupe français. Difficile donc de rester indifférent.
C'est peut être ce qui m'a fait accrocher au premier abord mais après plusieurs écoutes, il en reste un sentiment d'inachevé où les pistes affichent sensiblement la même structure. Peut-être qu'en mettant de côté l'aspect ambiancé, que le duo maîtrise déjà parfaitement sur BLUT AUS NORD et en se concentrant davantage sur la mélodie, le groupe apporterait plus de variations au sein d'une même chanson afin de briser la monotonie et amènerait ainsi plus de consistance à sa production. Cela reste un parti pris venant de quelqu'un qui découvert le travail du duo sans être influencé par la célèbre formation originelle.
Bref, de manière générale The Sublime demeure un album solide dans ses fondements, qui fait mouche par ses ambiances à la fois oppressantes et éthérées, le tout soutenue par une instrumentale lourde et saturée. Néanmoins, même si YERÛŠELEM se lance avec des bagages bien remplis, le projet doit s'affranchir de BLUT AUS NORD pour pouvoir voler de ses propres ailes s'il veut s'affirmer pleinement de l'étiquette industrielle.